Pour le lecteur pressé :
Survenue d’émissions fécales trop nombreuses (> 3/24h), de consistance anormale liquides ou molles, et trop abondantes (> 300 g/j) depuis moins de 3 semaines.
L’infection du tractus intestinal est la cause principale par libération d’entérotoxines responsables d’une hypersécrétion d’eau et d’électrolytes et/ou de lésions de la muqueuse.
Toute diarrhée aiguë n’est pas forcément infectieuse même si c’est souvent le cas. C’est plus rarement le mode de révélation de la maladie de Crohn et de la Recto Colite Hémorragique, colite ischémique, d’une tumeur recto-sigmoïdienne, d’intoxications par les champignons. C’est assez fréquemment un effet indésirable ou un surdosage de médicaments (AINS, biguanides, colchicine), et les étiologies peuvent être intriquées. Bien que très rare, l’oedème angioneurotique héréditaire peut donner une forme abdominale avec vomissements et diarrhée hydrique brutale.
On précise l’aspect hydro-électrolytique de la diarrhée (selles aqueuses abondantes avec peu de douleurs), ou invasif (glaires, sang, faux besoins, ténesme et douleur abdominale fébrile), la présence de nausées, vomissements, on évalue le terrain (immunodépression, VIH, antécédents digestifs et comorbidités, âges extrêmes).
On notera un séjour dans un pays tropical, consommation d’un aliment particulier, contexte de toxi-infection alimentaire collective, prise médicamenteuse récente (antibiotiques).
L’examen clinique recherche des signes de gravité : déshydratation, collapsus, sepsis grave voire choc septique, défense, hépato-splénomégalie, adénopathies, éruption cutanée, autres foyers infectieux.
Les examens complémentaires ne sont envisagés que devant des signes de gravité, et la persistance plusieurs jours : coproculture (résultats en 48 à 72 h), NFS, ionogramme, créatinine sérique, hémocultures.
En fonction du contexte, examen parasitologique et mycologique des selles, sérodiagnostics. Une recto-sigmoïdoscopie peut donner des images caractéristiques et permettre la réalisation de biopsies.
(les plus fréquentes, souvent d’évolution favorable)
( risque de sepsis sévère, hémorragies digestives, tableaux péritonéaux avec perforation précédées ou non de colectasie)
Le tableau n’est pas toujours stéréotypé, et de nombreux germes ou parasites peuvent occasionner des selles diarrhéïques ou une accélération du transit intestinal. A contrario, beaucoup de germes présents dans les selles ne sont pas pathogènes et tous les parasites même digestifs n’entrainent pas de diarrhée.
Il y a de très nombreuses causes de diarrhée aigüe chez le patient VIH : tumorales (LMNH, sarcome de Kaposi intestinal), entéropathie à VIH et infections opportunistes (cryptosporidies, microsporidies, lambliase, amibiase, anguillulose, CMV, herpès, salmonelloses, Campylobacter, yersiniose, shigellose, Clostridium difficile, mycobcatéries, candidoses, histoplasmose).
Mais les immunodéprimés peuvent tout à fait et même par ordre de fréquence être d’abords victime des infections touchant les immunocompétents.
Elle consiste en :
Repos et hospitalisation des formes sévères, remplissage macromoléculaire en cas de collapsus.
Isolement du malade en cas de diarrhées bactériennes, désinfecter le linge et procéder à une déclaration obligatoire : fièvre typhoïde, choléra, et TIAC
Réhydratation orale si possible avec soluté OMS comportant de l’eau, NaCl, Kcl, bicarbonates et glucose ou saccharose ; parentérale sinon avec Ringer-Lactate ou Polyionique.
Surveillance TA, poids, fréquence cardiaque, diurèse, iono et créat pour dépister l’insuffisance rénale aiguë, fonctionnelle au départ, organique en cas d’hypovolémie prolongée, l’hypokaliémie, l’hyponatrémie ou hypernatrémie des déshydratations extracellulaires et intracellulaires.
Correction des vomissements par anti-émétiques et douleurs par antispasmodiques
Les silicates n’ont qu’un effet sur la consistance des selles. Les ralentisseurs du transit type loperamide ralentissent l’élimination des agents infectieux.
L’acétorphan à effet antisécrétoire semble être le meilleur traitement symptômatique.
L’antibiothérapie est à réserver aux sujets fragiles et sepsis sévères, d’abords empirique avec fluoroquinolones ou cotrimoxazole (adapté après antibiogramme éventuellement) pour 5 à 7 jours, 10 j pour la fièvre typhoïde. On traite par cyclines dans le choléra, vancomycine orale ou métronidazole dans la colite pseudo-membraneuse. Les antibiotiques dans les salmonelloses mineures augmente la durée du portage.
Le nifuroxazide n’est qu’antibactérien de contact, utilisable dans une diarrhée non invasive.
Les diarrhées parasitaires sont traitées par des imidazolés, les diarrhées virales n’ont pas de traitement spécifique sauf celle à CMV par ganciclovir.
La prévention repose sur la lutte contre le péril fécal, lavage des mains, éviction d’aliments à risque et le renforcement des mesures de contrôle des aliments.
Le traitement comprend :
Impact internat, Diarrhées infectieuses de l’adulte
ECN, item 302, Diarrhée aiguë infectieuse chez l’enfant et l’adulte
ECN item 194 et 302 sur infectiologie.com
Diarrhées infectieuses, médecine tropicale
Prise en charge diagnostique et thérapeutique des diarrhées aiguës infectieuses, université de Lyon
Diarrhée aiguë du nourrisson, université de Grenoble
Opportunistic Parasites among Immunosuppressed Children in Minia District, Egypt
Sur la colite pseudomembraneuse :
Teillet L, Infection digestive à Clostridium difficile
Colite des antibiotiques, FMCGastro
Clostridium difficile colitis, Radiopaedia
C’est tres instructif .. il ne faut pas prendre a la légere les diarrhées qui durent ..