Ce sont des helminthiases, infections parasitaires dûes à des vers plats (plathelminthes) de la famille des cestodes (par opposition aux autres helminthes, mais vers ronds que constituent l’ascaris et l’oxyure). Le teniasis (ou taeniasis) est l’infection par la forme adulte d’espèces de Taenia. C’est un tableau général de parasitisme digestif plutôt bien toléré mais qui n’a aucune tendance à la guérison spontanée.
Le teniasis peut être rencontré partout sur le globe et c’est une des parasitoses fréquentes en zone tempérée. 2 espèces se distinguent : Taenia saginata qui affecte le boeuf, et majoritaire en France , et Taenia solium qui affecte le porc.
Les oeufs sont dans le cycle du parasite évacués par destruction des anneaux (ou proglottis) de la forme adulte. Ces parasites ont une durée de vie très longue et peuvent donc produire de grandes quantités d’oeufs. Ces oeufs sont absorbés par les hôtes intermédiaires, digérés au niveau de l’intestin et traversent la muqueuse intestinale pour être disséminés dans l’organisme animal principalement dans les tissus adipeux et musculaires.
La contamination chez l’homme se fait par ingestion de viande crue ou mal cuite (y compris de charcuterie car la viande fumée n’est pas débarrassée des parasites), contenant de nombreuses larves vivantes. Le développement final du parasite vers le stade adulte se fait en quelques semaines dans l’intestin. Le ver occupe une place importante dans l’intestin grêle puisqu’il fait plusieurs mètres de long (la longueur varie en fonction de l’espèce de cestode). La tête ou scolex est accrochée à la muqueuse intestinale par des ventouses (voire des crochets pour Taenia solium), le reste du ver étant composé des proglottis, les éléments les plus anciens étant à l’extrémité inférieure du ver.
A noter que dans le cas du taenia du porc, l’homme peut devenir accidentellement un hôte intermédiaire en hébergeant des larves qui vont donner un tableau clinique bien particulier : la cysticercose.
Le diagnostic de taeniasis est fait par le patient lui-même, constatant l’émission dans les selles, les sous-vêtements ou la literie d’anneaux qui composent la longueur du parasite. Les autres signes sont une boulimie (mais aussi anorexie), nausées, troubles du transit divers, douleurs mal localisées. Un prurit anal peut être perçu au moment de l’expulsion des anneaux. Des signes extra-digestifs sont décrits, nervosité, irritabilité, troubles du sommeil, lipothymies, palpitations, prurit, somatisations variées.
Les complications digestives sont rares : appendicite, occlusion intestinale, perforation intestinale, abcès hépatique, pancréatite ; et semblent plus concerner saginata.
Il est peu utile dans la taeniasis puisque la preuve est souvent rapportée par le patient, inquiet de l’émission d’anneaux parasitaires. Il peut être fait par l’examen parasitologique des selles si besoin répété : reconnaissance à l’examen direct des anneaux, plus rarement du scolex, et recherche des oeufs et embryophores dans les selles ou sur la marge anale pour solium, dans les vêtements et literie pour saginata. Le test de Graham à la cellophane adhésive (très utilisé pour le diagnostic des oxyures) pour rechercher les oeufs doit être réalisé la matin avant la toilette et avant défécation, en l’absence d’utilisation de suppositoires quelconques.Ces anneaux peuvent aussi être retrouvés dans les vomissements, prélèvement de fistules, stomies.
La numération formule sanguine NFS est souvent normale mais peut montrer une anémie normocytaire ou à l’inverse une polyglobulie, et une hyperéosinophilie maximale 9 semaines après le repas infectant, et devenant plus modérée à l’âge adulte du ver, pouvant ainsi passer inaperçue.
Le praziquantel Biltricide® est décrit comme l’antiparasitaire de référence à la dose de 10 mg/kg en 1 prise.
Le niclosamide Tredemine® est souvent utilisé mais il impose une administration rigoureuse : 2 g chez l’adulte (1 g voire 500 mg chez l’enfant) nécessite d’être pris à jeûn, de mâcher longuement les 2 comprimés en les avalant avec très peu d’eau, d’attendre 1 heure sans manger et de prendre à nouveau 2 comprimés sur le même mode que précédemment, enfin d’attendre 3 heures avant de s’alimenter.
Il faut surveiller les selles après le traitement pendant 3 à 6 mois pour rechercher l’évacuation du ver. Il n’y a quasiment pas d’échec avec le praziquantel.
La prévention passe par l’éradication des taenia chez les porteurs, une lutte contre le péril fécal par des mesures d’hygiène individuelle et collective, la consommation de viande de porc systématiquement cuite, le contrôle des élevages avec traitement antiparasitaire des animaux.
Les contrôles sanitaires sont bien évidemment beaucoup plus difficiles à appliquer dans les pays défavorisés.
La botriocéphalose est dûe à Diphyllobothirum latum, parasite du tube digestif de l’homme, du chien, du chat, de l’ours, … encore plus long que Taenia (10 à 15 m).
La contamination se fait par ingestion de poisson cru, fumé ou mal cuit, mal salé contenant une forme larvaire.
Elle existe en Europe du nord mais s’observe dans les régions lacustres sous tous les climats.
Le tableau clinique est semblabe au teniasis mais la tolérance est meilleure. On peut observer (rarement) une anémie macrocytaire mégaloblastique similaire à l’anémie pernicieuse car le parasite fixe la vitamine B12 de l’alimentation.
Le diagnostic biologique se fait par l’examen parasitologique des selles à la recherche d’oeufs souvent émis en très grand nombre.
Le traitement repose sur le niclosamide sur le même mode d’administration que le teniasis (et une supplémentation en vitamine B12 en cas de carence).
L’hyménolépiose est dûe à Hymenolepis nana principalement, plus rarement Hymenolepis diminuta. Ce dernier est un parasite des rongeurs par l’intermédiaire d’un arthropode (ver de farine), l’homme se contamine via des céréales souillées. Hymenolepis nana est ingéré via des crudités souillées, et se développe assez vite dans l’intestin avec une durée de vie courte. Il s’est affranchi en partie de ses hôtes intermédiaires, l’auto-infestation est donc importante en particulier chez les enfants. On trouve ce parasite dans les régions chaudes du globe, notamment dans le bassin méditerranéen et l’Afrique du nord.
Les signes cliniques sont plus discrets que le teniasis, voire absents sauf en cas d’infestation importante (coliques et diarrhées). Un retard staturo-pondéral peut être observé chez l’enfant.
La biologie est souvent normale avec hyperéosinophilie modérée. L’examen parasitologique des selles met en évidence les oeufs.
Le traitement repose aussi sur la niclosamide mais l’administration est différente du traitement des grands taenias : 4 comprimés le 1er jour répartis sur les repas puis 2 comprimés par jour pendant 6 jours, avec prise de jus de fruit acide pour éliminer les mucosités protégeant le cestode. Le praziquantel peut être utilisé à 15 ou 20 mg/kg en 1 prise.
Les mêmes mesures de prévention s’appliquent que pour les infections à Taenia.
Dipylidium caninum est un parasite du chien et du chat, de la puce de l’homme et du pou du chien. L’infection chez l’homme se voit chez les enfants en contact avec les animaux.
Les symptômes sont en général très discrets, le diagnostic est fait par découverte de capsules dans les selles ou l’expulsion de vers.
Le traitement vermifuge suffit en général à l’éliminer car la fixation du parasite est mauvaise.
Parasitologie, Epidémiologie, clinique et diagnostic, thérapeutique, Documentation scientifique laboratoires Roland Marie SA
Web atlas of medical parasitology