La grossesse extra-utérine (GEU) est une grossesse pathologique par nidation ectopique de l’oeuf ailleurs que dans la cavité utérine. Celle-ci n’est que peu voire pas symptômatique au tout début jusqu’à ce que cette grossesse menace de se rompre. L’accident de la rupture qui peut se produire très précocément, a un risque hémorragique majeur engageant rapidement le pronostic vital.
Sommaire
La GEU ne représente que 1 à 3 % des conceptions mais reste la 1ère cause de mortalité au premier trimestre de grossesse dans les pays industrialisés. L’adage voulant que toute femme en âge de procréer présentant des métrorragies ou des douleurs pelviennes est suspecte de GEU jusqu’à preuve du contraire. Ca fait réaliser beaucoup de β-HCG dans les services d’urgence, voire d’échographie mais globalement personne n’a envie de passer à côté de ce diagnostic. L’objectif du repérage des grossesses ectopiques est de prévenir les ruptures par une intervention précoce.
La localisation possible des GEU :
L’évolution spontanée se fait généralement vers une augmentation de taille de la GEU avec un syndrome fissuraire puis la rupture dans une évolution relativement courte. L’involution spontanées ou l’avortement tubo-abdominal est possible.
C’est la présence d’un ou plusieurs des signes suivants, chez une femme en période d’activité génitale, qu’elle se pense enceinte ou qu’elle soit persuadée du contraire, même (voire surtout) sous méthode contraceptive :
Anomalies des règles, retardées ou anormales
Métrorragies (saignement en dehors des règles) minimes, spontanées, répétées, brunâtres parfois rouges
Douleur abdomino-pelvienne, à irradiation parfois postérieure voire ascendante (scapulaire) unilatérale et évoluant par poussées.
Etat de choc hémorragique.
Certains antécédents favorisent la survenue de GEU :
L’examen clinique dépend de l’âge de la grossesse et de la survenue d’une rupture ou non :
Autres causes de douleur abdominale basse : appendicite, maladie de Crohn, adénolymphite mésentérique, occlusion intestinale, lithiase urinaire enclâvée, infection urinaire
Autres causes de douleur d’origine gynécologique : salpingite et maladie inflammatoire pelvienne, volumineux kyste ovarien (et ses complications : nécrobiose, torsion, rupture), torsion d’annexe
Autre contexte obstétrical en début de grossesse : fausse couche, avortement
Autres causes de choc hémorragique : traumatique
Le diagnostic biologique évalue l’hémoglobine capillaire puis la NFS, le β-HCG urinaire si faisable rapidement (mais peut être pris en défaut) mais surtout sanguin quantitatif (mais qui nécessite au moins 1 h). Il est positif dès 7 à 10 jours après la fécondation, et a une cinétique perturbée dans la GEU. Dans une grossesse normale il est multiplié par 2 toutes les 48 heures. Un β-HCG > 1500 UI/l avec vacuité utérine en écho affirme le diagnostic de GEU. Mais en cas d’absence de symptômes, le contrôle à 48 h est souhaitable avant décision thérapeutique. Dans une GEU « classique » il est souvent très élevé > 5000 voire 10 000 ce qui en fait un signe de gravité.
Un bilan « standard » et préopératoire est réalisé avec groupe, rhésus et recherche d’agglutinines irrégulières.
Par voie abdominale surtout sur un tableau de choc hémorragique et par voie endovaginale chaque fois que possible (recherche de signes positifs et négatifs) :
Ce dernier point est plus complexe de principe un utérus vide et une preuve biologique de grossesse fait que celle-ci se déroule donc en extra-utérin. Mais fréquemment on observe une image hypo ou anéchogène, pseudo kystique dans l’utérus comme un sac gestationnel et qui est donc un pseudo sac. Il faut signaler aussi la possibilité de grossesses hétérotopiques, avec une GIU et une GEU en même temps. La présence d’une grossesse intra-utérine en écho ne pouvant éliminer une GEU associée.
hémopéritoine majeur dans le cul de sac de Douglas et au-dessus de la vessie dans une rupture de GEU, échographie sus-pubienne
L’hématocèle rétro-utérine est une présentation devenue rare, correspondant à une rupture qui s’est produit à bas bruit avec des douleurs depuis quelques jours ou semaines et qui augmentent. Il peut y avoir des métrorragies, des petits signes de compression pelvienne (ténesme, épreinte, pesanteur, dysurie, dyspareunie), des signes d’intolérance digestive, un fébricule, un subictère, et une asthénie.
Le toucher vaginal retrouve un utérus refoulé en avant par une masse bombant dans le cul de sac de Douglas, le toucher rectal perçoit une masse antérieure sensible.
Le β-hCG plasmatique peut être positif.
En échographie, il existe une masse hétérogène dans le cul-de-sac de Douglas, parfois latéralisée.
La culdocentèse représentait la ponction au niveau du cul de sac
Pas vraiment de place pour les autres explorations, le scanner des bilans d’abdomen aigu notamment par hémorragie abdominale n’est pas souvent fait, on lui préfère une échographie rapide et le passage au bloc directement en cas d’hémopéritoine en écho.
Tant que le doute n’est pas levé, l’exploration et la surveillance doivent se poursuivre si l’état de la patiente n’est pas inquiétant.
En cas de choc hémorragique il faut assurer la réanimation par remplissage vasculaire +/- transfusion, confirmation diagnostique minimale (échographie en urgence) et transfert au bloc de gynécologie-obstétrique ou de chirurgie générale le plus rapidement possible.
Les GEU non compliquées peuvent être traitées médicalement par injection de méthotrexate en intramusculaire, indication posée par le gynécologue. Les schémas en dose unique sont mieux tolérés que par doses multiples.
Le méthotrexate in situ par échoguidage a été proposé mais les résultats ne permettent pas de conclure à une supériorité.
Le score de Fernandez guide les indications du méthotrexate (score < 13) :
Tableau 2 – Score de H. Fernandez |
|||
1 |
2 |
3 |
|
Terme Jours aménorrhée |
> 49 |
42-49 |
≤ 42 |
bhCG plasmatiques mUI/ml |
≤ 1 000 |
1 000-5 000 |
> 5 000 |
Progestéronémie ng/ml |
≤5 |
5-10 |
> 10 |
Douleur |
Absente |
Provoquée |
Spontanée |
Hématosalpinx en cm |
≤1 |
1-3 |
>3 |
Hémopéritoine en ml |
0 |
1-100 |
> 100 |
Il faut également faire une prévention de l’allo-immunisation rhésus.
Par coelioscopie qui a l’intérêt d’être diagnostique aussi.
Par laparotomie d’emblée dans les formes avec choc. Conservateur avec salpingotomie chaque fois que possible (et surveillance de la décroissance du β-HCG jusqu’à négativation), mais parfois radical avec salpingectomie (surtout en cas de récidive).
ECN Item 18 Grossesse extra-utérine
Prise en charge de la grossesse extra-utérine 2003 , GEU traitement médical et chirurgical 2010 , Prévention de l’allo-immunisation Rhésus–D foeto-maternelle , CNGOF
Ectopic pregnancy , Radiopaedia
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Ectopic & Left FAST , EDEblog
Abnormal development ectopic implantation , UNSW embryology
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Pubmed pour ectopic pregnancy rupture et recherche par images
ATTENTION LES VIDEOS SONT UN PEU GORE SURTOUT LES LAPAROTOMIES ET LA DERNIERE VIDEO AVEC LE FOETUS EXTRAIT DE LA GEU
échographie pour la GEU
FAST ultrasound pour choc hémorragique sur GEU
Autre exemple d’échographie pour la GEU y compris étude par sonde haute fréquence
[https://www.youtube.com/watch?v=7rblHlePQlg]
coelioscopie pour GEU
Right Lower Quadrant Pain in Early Pregnancy, JAMA (video et abstract)
hématosalpinx, rupture de GEU
hémopéritoine sur rupture de GEU
mini-laparotomie pour hémopéritoine sur GEU
laparotomie pour GEU abdominale