thoracotomie

petite encyclopédie de l'urgence

Infections urinaires : cystite, pyélonephrite, prostatite, sujet âgé, grossesse

analyse urine

analyse d’urines (ancienne technique de bandelette urinaire)

Avertissement au lecteur : mise à jour du 28/02/2019
Les recommandantions ont pas mal changé sur quelques années concernant principalement la thérapeutique. Elles sont le reflet de l’antibiorésistance qui est un problème de plus en plus préoccupant.
Les traitements que j’expose dans ce chapitre sont donc susceptibles d’être obsolètes d’ici quelques temps, car les pratiques sont amenées à changer.
En cas de doute le dernier texte officiel sur l’antibiothérapie des infections urinaires peut être consulté ici.

Les infections urinaires sont des pathologies extrêmement fréquentes et regroupent des situations cliniques variées loin d’être toujours des urgences. Néanmoins, certaines situations nécessitent une intervention ou une prise en charge rapide afin d’éviter l’évolution vers un sepsis grave et une destruction du parenchyme rénal. Le symptôme douloureux urinaire constitue souvent une demande urgente de la part des patients.
Sommaire

Diagnostic des infections urinaires

Les recommandations de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française distinguent les infections urinaires en « simples » et « à risques de complication », plutôt que « compliquées » comme auparavant. Elle met à part les infections urinaires graves et les infections urinaires récidivantes. Les infections urinaires masculines sont distinguées pour rendre compte de la diversité des présentations possibles.

Les facteurs de risques de complications sont :

  • anomalie organique ou fonctionnelle de l’arbre urinaire (résidu, reflux, lithiase, tumeur, acte opératoire récent)
  • le sexe masculin (du fait de la fréquence des anomalies présentes quand une IU masculine se déclare)
  • la grossesse
  • sujet âgé > 65 avec critères de fragilité ou > 75 ans
  • immunodépression grave
  • insuffisance rénale chronique (clairance < 30 ml/min)

Le diabète n’est plus considéré comme facteur de risque, mais les infections urinaires restent plus fréquentes chez le diabétique,  sans qu’il n’ait pu être démontré une gravité plus importante.
La notion d’immunodépression est vague et comporte les situations de traitement immunomodulateur, de cirrhose, de transplantation …

La colonisation urinaire ou bactériurie asymptomatique est la présence de micro-organisme au niveau urinaire sans signes cliniques. Le seuil de bactériurie n’est plus retenu sauf chez la femme enceinte à partir de 10⁵ UFC /ml. La leucocyturie n’intervient pas dans la définition. La recherche de la colonisation urinaire se fait avant procédure urologique invasive et au cours du 4ème mois de grossesse.

Au niveau de l’épidémiologie des infections urinaires, les infections à colibacille Escherichia coli restent largement prédominantes mais l’antibiorésistance notamment aux céphalosporines et fluoroquinolones a beaucoup augmenté. Il faut éviter les prescriptions répétées de fluoroquinolones chez un même patient, ne pas les utiliser en traitement probabiliste chez un patient déjà traité par FQ dans les 6 mois précédents (qu’elle qu’ait été l’indication).
Par contre la sensibilité de l’E. coli à la fosfomycine, nitrofurantoïne et aminosides reste stable même pour les souches productrices de bêta-lactamases à spectre étendu BLSE.

Les outils diagnostiques restent la bandelette urinaire et l’examen cyto-bactériologique des urines (ECBU). La bandelette urinaire a une bonne valeur prédictive négative en l’absence d’immunodépression devant des leucocytes ET des nitrites négatifs. Elle est indiquée seule dans la cystite. Chez l’homme, la présence de leucocytes et/ou nitrites a une bonne valeur prédictive positive mais la BU négative n’élimine pas l’infection.
L’ECBU est indiqué dans toute infection urinaire hormis la cystite simple. Les contrôles d’ECBU ne sont plus indiqués en suivi des pyélonéphrites et infections urinaires masculines si l’évolution clinique est satisfaisante.

Le seuil de leucocyturie reste > 10⁴ /ml. Le seuil de bactériurie dépend de l’espèce et du sexe du patient :

  • Escherichia coli, Staphylocoque saprophyticus : 10³ UFC/ml (homme ou femme)
  • Entérobactéries autres, entérocoques, Chlamydia urealyticum, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus  (10³ chez l’homme, 10⁴ chez la femme)

Infection urinaire grave

Elle est définie par la survenue d’une pyélonéphrite aiguë ou d’une infection urinaire masculine associée à un sepsis grave ou choc septique ou relevant d’une indication chirurgicale de drainage (cf colique néphrétique et hydronéphrose). Les infections type gangrène périnéale de Fournier ne sont pas des infections urinaires à proprement parler.

Sepsis grave :

  • lactates > 2 mmol/l ou 1,5 x normale
  • hypotension artérielle systolique < 90 mm Hg / baisse de 40 mm Hg par rapport aux chiffres habituels / PA moyenne < 65 / PA diastolique < 40
  • présence d’une dysfonction d’organe

Respiratoire :
PaO2 < 60 mmHg ou SpO2 < 90 % à l’air (a fortiori sous O2),
ou PaO2/FiO2 < 300,
ou baisse de ce rapport de plus de 20 % chez le malade sous assistance ventilatoire.

Rénal :
oligurie < 0,5 ml/kg par heure, persistante pendant 3 heures malgré le remplissage ou créatinine >177 μmol/l (20 mg/l),
ou élévation de plus de 50 % par rapport au chiffre de base.

Coagulation :
thrombopénie < 100 000/mm3 ou TP < 50 %,
ou chute de plus de 30 % des plaquettes ou du TP sur 2 prélèvements successifs. Présence d’une CIVD.

Hépatique : hyperbilirubinémie > 34 μmol/l

Fonctions supérieures : encéphalopathie ou syndrome confusionnel, qui pourraient être traduits par un score de Glasgow <14.

Choc septique : Persistance de l’hypotension (PAs <90 ou PAm < 65 mmHg) ou de signes francs d’hypoperfusion (lactatémie ≥ 4 mmol/l, oligurie) malgré les manœuvres initiales de remplissage vasculaire au cours d’un sepsis grave, ou d’emblée chez un malade ayant des signes d’infection.

Cystite

Infection urinaire hyper fréquente chez la femme de tout âge correspondant à l’inflammation de l’urètre et de la vessie, elle est douloureuse spontanément et lors des mictions avec parfois la présence d’une hématurie macro ou microscopique. Elle guérit parfois spontanément mais le traitement antibiotique accélère la guérison clinique.
La pratique systématique de la bandelette urinaire permet d’épargner une antibiothérapie inutile. S’il n’y a pas de diagnostic différentiel (mycose, urétrite, sécheresse), l’ECBU est indiqué en attendant le résultat.

Le traitement repose sur : (non-indiqués : amoxicilline même avec acide clavulanique, triméthoprime-sulfamethoxazole et céphalosporines de 3ème génération)

  • 1ère intention : association fosfomycine-trométamol Monuril® Uridoz® en dose unique de 3 g
  • 2ème intention : pivmécillinam Selexid® (bêta-lactamines, remboursés dans cette indication) 400 mg × 2 pendant 5 jours
  • Il n’y a plus de 3e intention probabiliste optimale : il faut éviter les fluoroquinolones, la nitrofurantoïne, et le trimethoprime-sulfamethoxazole connaît un risque de résistance de quand même 20%. Si le choix thérapeutique ne peut faire appel aux 2 molécules précédentes, l’ECBU est indiqué en attendant le résultat pour le choix de traitement.

L’ECBU peut être indiqué en cas de persistance des signes après 3 jours ou de récidive précoce dans les 2 semaines. S’il est positif à un E. coli producteur de BLSE il sera possible d’utiliser selon l’antibiogramme  : Amoxicilline-acide clavulanique Augmentin® Ciblor® 5 à 7 jours ou triméthoprime-sulfaméthoxazole Bactrim® 3 jours.

La cystite à risque de complications sera traitée par ordre de préférence, après prélèvement d’un ECBU systématique et différer de 24-48h le traitement au maximum :

  • 1er choix : amoxicilline 7 jours
  • 2e choix : pivmécillinam 7 jours
  • 3e choix : nitrofurantoïne 7 jours
  • 4e choix : fosfomycine-trométamol : 3 g à J1-J3-J5 (schéma hors AMM)
  • 5e choix : triméthoprime-sulfamethoxazole 5 jours

Si le traitement ne peut pas être différé (patient très symptômatique) : nitrofurantoïne ou fosfomycine-trométamol et voir avec l’ECBU

Pour les cystites récidivantes (4 épisodes sur 12 mois), celles à risque de complication doivent être évaluées de manière spécialisée. Les autres bénéficient d’un bilan étiologique avec ECBU mais sans d’exploration d’imagerie systématique. Le traitement reste similaire à celui d’un épisode simple. Un traitement auto-administré peut être proposé au cas par cas.

La prévention des cystites est basées sur une hygiène normale et pas excessive au niveau intime, l’élimination d’une constipation associée (facteur de récidive), des apports hydriques suffisants, des mictions non retenues, l’éviction des spermicides; la préconisation de la miction post-coïtale est toujours valable. L’engouement pour le cranberry (canneberge) ne montre pas d’efficacité particulière dans les études et semble être surtout un bon filon marketing. On peut conseiller les jus de fruits qui, à mon sens,  n’ont pas d’effets indésirables et ne coûtent pas une fortune.

L’antibioprophylaxie sort du cadre de cet exposé des infections urinaires rencontrées en urgence.

Pyélonéphrite

palpation lombaire pyelonephrite

palpation de la fosse lombaire dans l’examen d’une pyélonéphrite

C’est l’infection haute des voies urinaires touchant le rein, généralement unilatérale, beaucoup plus fréquente chez la femme que chez l’homme. Elle associe classiquement une douleur lombaire, une fièvre, des signes généraux plus ou moins marqués, des nausées voire des vomissements. Il n’y a pas de douleurs mictionnelles et la plupart des pyélonéphrites surviennent sans phase de cystite préalable. Les symptômes ont tendance à devenir moins typiques avec l’âge ou chez le patient diabétique.

La pyélonéphrite est redéfinie à l’heure actuelle en séparant la forme simple, une forme à risque de complication, une forme grave, une forme gravidique et la pyélonéphrite de l’homme rebaptisée en infection urinaire masculine.

Pyélonéphrite simple

Bandelette urinaire et ECBU. Diagnostic retenu pour leucocyturie > 10⁴ /ml et bactériurie > 10³ pour E.coli et 10⁴ pour les autres entérobactéries. Les hémocultures ne sont pas systématiques ni les autres examens biologiques.

L’imagerie n’est indiquée que devant une pyélonéphrite hyperalgique dans les 24h avec une échographie rénale qui recherche un obstacle sur les voies urinaires. Dans les autres cas, elle n’est pas indiquée lors d’un premier épisode à évolution favorable, mais si l’évolution ne s’améliore pas après 72h d’antibiothérapie (ou uroscanner si suspicion d’abcès).

Le traitement est généralement ambulatoire sauf en cas d’hyperalgie, de doute diagnostique, de prises orales impossibles (vomissements), de conditions socio-économiques défavorables et de mauvaise observance de traitement.

Il est probabiliste en attendant l’ECBU (non indiqué : amoxicilline +/- acide clavulanique et triméthoprime-sulfaméthoxazole)

  • PNA simple : ciprofloxacine ou levofloxacine (sauf si utilisation > 6 mois auquel cas C3G injectable)
  • PNA à risque de complication : C3G injectable surtout si hospitalisation, sinon ciprofloxacine ou levofloxacine
  • PNA sévère : C3G + amikacine (ou si allergie beta-lactamines aztreonam + amikacine). En cas de colonisation/infection à E-BLSE antérieure le choix fait appel à la documentation microbiologique antérieure avec Tazocilline + amikacine ou carbapénème + amikacine

Le relai suivant les données de l’antibiogramme peut se faire avec amoxicilline Clamoxyl® +/- acide clavulanique Augmentin®, céfixime Oroken®, fluoroquinolones (cipro-, oflo- ou levofloxacine), Bactrim®. En présence de BLSE : fluoroquinolones ou à défaut Bactrim® ou béta-lactamine + inhibiteur de béta-lactamase ou C3G sous réserve que la CMI soit inférieure au seuil pour les 2 derniers. La céfoxitine et les aminosides sont en 2de intention et les carbapénèmes en 3ème quand il ne reste pas d’alternatives.

La durée de traitement est de 7 jours pour les fluoroquinolones et bêta-lactamines injectables. Dans les autres cas elle est de 10 jours (il pourrait peut être être encore moins long mais c’est à valider). L’ECBU de contrôle n’est pas systématique.
Pour la PNA à risque de complication, la durée peut monter de 10 à 14 jours.

pyélonéphrite aiguë focale au pôle supérieur du rein droit en échographie (zone hyperéchogène avec diminution du signal Doppler)

Pyélonéphrite à risque de complication

Le bilan biologique avec NFS, CRP, urée, créatinine est recommandé. L’imagerie repose plutôt sur l’uroscanner, au plus tard dans les 24 heures, et l’échographie rénale en cas de contre-indication ou suspicion de complication faible. L’hospitalisation se base sur les mêmes critères que précédemment.

Le traitement probabiliste est le même mais le risque de résistance aux fluoroquinolones est plus élevé, il faut privilégier les C3G parentérales en cas d’hospitalisation, et les fluoroquinolones doivent être évitées en cas de prescription récente (> 6 mois). En cas d’allergie, un aminoside ou l’aztréonam sont utilisables.
Le relai est le même en l’absence ou présence de BLSE. La durée est de 10 à 14 jours et 7 jours pour un aminoside. En présence d’un abcès rénal, une durée > 21 jours est à discuter.
L’évolution défavorable sous traitement amène à faire recontrôler l’ECBU et l’uroscanner.

pyélonéphrite aiguë du rein gauche au scanner avec formation d’abcès corticaux

Pyélonéphrite avec signes de gravité

Qu’il s’agisse de signes de sepsis grave ou d’insuffisance rénale aiguë par obstruction, l’hospitalisation est systématique, l’antibiothérapie initiale en bithérapie et le drainage chirurgical en cas d’obstacle. Les fluoroquinolones ne sont plus utilisables.

  • 1ère intention : céphalosporine de 3ème génération + amikacine.
  • allergie : aztréonam + amikacine
  • antécédent de colonisation urinaire ou IU EBLSE < 6 mois : carbapénème + amikacine
  • choc septique avec facteur de risque d’ EBLSE : carbapénème + amikacine
  • témocilline si entérobactérie productrice de BLSE documenté mais à posologie de 6 g/24h si fonction rénale normale.

Le traitement de relai fait appel aux mêmes molécules que pour les autres pyélonéphrites. La durée de traitement et de 10 à 14 jours > 21 jours si abcès).

pyélonéphrite emphysémateuse en échographie

pyélonéphrite droite emphysémateuse au scanner

Le cas de l’abcès rénal est un peu particulier : séquelle d’une pyélonéphrite qui ne guérit pas avec organisation d’une collection au sein du parenchyme rénal par vasospasme, inflammation puis nécrose. Les signes cliniques persistent et l’imagerie va montrer progressivement la collection. L’image est hypoéchogène non vascularisée en échographie, mieux visible en scanner. Elle nécessite un drainage en cas de gros volume, parfois écho- ou scano-guidé, et une antibiothérapie prolongée (> 3 semaines).

abcès polaire supérieur en échographie, absence de signal Doppler

Prostatite et infections urinaires chez l’homme

Classiquement on dit qu’il n’existe pas de cystite chez l’homme, que toute infection urinaire fébrile basse est une prostatite et que la pyélonéphrite est exceptionnelle et souvent sur obstacle. Elles sont en fait assez hétérogènes et pas toujours très symptomatiques. Le diagnostic repose sur la bandelette urinaire et l’ECBU avec valeur de la leucocyturie et/ou des nitrites à la bandelette. La bactériurie significative est fixée à 10³ UFC/ml. Les hémocultures ne sont indiquées qu’en cas de fièvre et le dosage du PSA n’est pas recommandé pour le diagnostic initial.

L’échographie des voies urinaires par voie sus-pubienne sous 24h est recommandée pour le bilan d’une douleur lombaire, lorsqu’une rétention aiguë d’urine est suspectée, devant des antécédents de lithiase ou de sepsis grave.

En cas d’évolution défavorable sous 72 heures d’antibiothérapie, une imagerie est recommandée pour recherche un abcès ou une extension périprostatique : IRM prostatique ou échographie endorectale si elle est possible. Le scanner est moins performant pour la prostate mais reste valable pour le haut appareil urinaire.

Le traitement se fait en hospitalisation en cas de signes de gravité, de rétention aiguë d’urines (RAU) ou d’immunodépression grave. Mais l’hospitalisation doit être facile en cas de situations similaires à la pyélonéphrite ou de complications surajoutées.

IU fébrile, RAU, immunodépression : idem pyélonéphrite à risque de complication ou graves (C3G ou FQ)

IU sans fièvre ni RAU : antibiothérapie à différer autant que possible jusqu’au résultat de l’ECBU pour avoir un traitement documenté d’emblée. Sinon idem pyélonéphrite à risque de complications C3G ou FQ).

Une forme simple peut être traitée par ciprofloxacine ou lévofloxacine (ou ceftriaxone). Une forme à risque sera traitée préférentiellement par C3G injectable, avec ajout d’amikacine en cas de forme sévère. Le traitement de relai est à choisir en fonction de l’ECBU avec une place pour le Bactrim®. Cependant le céfixime, l’amoxicilline-acide clavulanique, fosomycine-trométamol, nitrofurantoïne n’ont pas de place car la diffusion prostatique est insuffisante.
La témocilline Négaban® est utilisable en l’absence d’alternative.
Pour les infections à Entérobactérie BLSE, le choix peut être compliqué et ne peut être simplement codifié ici.

La durée de traitement minimale est de 14 jours pour les fluoroquinolones et TMP-SMX, et 21 jours à discuter selon des facteurs aggravants ou utilisation d’autres molécules.

Le drainage des urines est impératif en cas de rétention aiguë d’urines, par cathétérisme sus-pubien ou par voie urétrale. A discuter en cas d’abcès prostatique car le traitement antibiotique guérit généralement l’abcès. Le contrôle d’ECBU n’est pas systématique.

prostatite aiguë évoluant en abcès prostatique au scanner

Infections chez le sujet âgé

bandelettes urinaires

boîte de bandelettes urinaires

Les critères de Fried définissent une fragilité : perte de poids involontaire au cours de la dernière année, vitesse de marche lente, faible endurance, faiblesse/fatigue, activité physique réduite. L’existence de 3 de ces critères chez un patient de plus de 65 ans rentre dans cette catégorie des infections urinaires du sujet âgé, de même que l’âge > 75 ans, critère de fragilité.
Les symptômes sont souvent atypiques ou même frustes et la colonisation urinaire est fréquente. Les autres étiologies sont donc à rechercher devant une bactériurie chez le sujet âgé avec signes spécifiques.

Les particularités pour le traitement :

  • fluoroquinolones : surveillance des effets indésirables (tendinopathies, troubles neuropsychiques, allongement du QT)
  • aminosides : monodose quotidienne, ne pas dépasser 3-5 jours de traitement, estimation de la clairance pour l’espacement des doses en cas de monothérapie (rare)
  • nitrofurantoïne : possible sauf insuffisance rénale avec clairance < 40 ml/min

Abdomen sans préparation : gaz présent en grande quantité autour du rein droit : pyélonéphrite emphysémateuse chez un diabétique de 74 ans

Infections urinaires chez la femme enceinte

Il faut distinguer colonisation urinaire (bactériurie asymptômatique), cystite gravidique et pyélonéphrite gravidique.

Colonisation urinaire

Le traitement de la bactériurie asymptômatique repose sur (traitement de 7 jours sauf fosfomycine) :

  1. amoxicilline
  2. pivmécillinam
  3. fosomycine-trometamol en 1 dose
  4. trimethoprime (à éviter les 2 1ers mois)
  5. en fonction de l’écologie : nitrofurantoïne, sulfamethoxazole-trimethoprime, amoxicilline-acide clavulanique, céfixime

Cystite gravidique

Le traitement de la cystite gravidique repose sur (après ECBU)  :

  1. fosfomycine-trometamol
  2. pivmécillinam
  3. en cas d’échec/résistance :
    1. amoxicilline
    2. fosfomycine-trometamol ou pivmécillinam
    3. trimethoprime (éviter 2 1ers mois)
    4. selon impact écologique : nitrofurantoïne, sulfamethoxazole-trimethoprime, amoxicilline-acide clavulanique, céfixime

Traitements de 7 jours, sauf fosfomycine en 1 dose.

Dans certaines circonstances, après avis spécialisé, on peut faire appel à l’aztréonam ou aux fluoroquinolones. L’ECBU de contrôle est souhaitable.

Pyélonéphrite gravidique

La pyélonéphrite gravidique rejoint les recommandations de pyélonéphrite à risque de complication. Elle se traite habituellement en hospitalisation, mais dans de bonnes conditions des traitements ambulatoires sont possibles surtout au 1er et début du 2ème trimestre, après 24-48 heures de surveillance. L’ECBU est systématique, l’échographie est l’examen d’imagerie de choix, l’évaluation du retentissement foetal est indispensable.
Sans signe de gravité, le traitement repose sur une céphalosporine de 3ème génération injectable (céfotaxime ou ceftriaxone). La ciprofloxacine est utilisable en cas d’allergie avérée aux béta-lactamines.
Les formes graves sont traitées comme dans la population générale.
Après 48h d’apyrexie, un relai per os  est possible en fonction de l’antibiogramme avec amoxicilline +/- acide clavulanique (à éviter si accouchement imminent), céfixime, sulfaméthoxazole-triméthoprime (à ne pas utiliser les 2 1ers mois). La durée totale de traitement est d’au moins 14 jours. Le contrôle de l’ECBU est recommandé 48h après le début de l’antibiothérapie et dans les 8-10 jours suivant l’arrêt, ainsi qu’une surveillance mensuelle.

Il est recommandé de dépister les bactériuries asymptomatiques à partir du 4ème mois. Le seuil retenu est > 10⁵ germes, sans tenir compte de la leucocyturie. Les molécules utilisables (en fonction de l’antibiogramme) sont l’amoxicilline (acide clavulanique à éviter si risque d’accouchement imminent), le céfixime, pivmécillinam, le Bactrim® (à éviter au 1er trimestre) en traitement de 5 jours et nitrofurantoïne 7 jours. Pas de traitement en dose unique ni de 3 jours.

hydronéphrose physiologique accentuée, épaississement de l’uroépithélium, collection périnéphrétique

Infections chez l’enfant

Chez l’enfant, le recueil longtemps préconisé par système de poche à urines n’est plus recommandé à l’heure actuelle car les urines sont souvent colonisées et l’ECBU ininterprétable. On recommande donc d’autres modes de recueil, non invasifs par recueil du jet per-mictionnel quand l’enfant est capable de se contenir, ou invasif par sondage ou ponction sus-pubienne. Cela dépend de la difficulté diagnostique devant l’ECBU et de l’urgence de mettre en place une antibiothérapie.
Les facteurs favorisant dépendent de l’âge de survenue : précoces elles sont souvent liées à des malformations de l’appareil urinaire (reflux vésico-urétéral); tardives, elles sont plutôt liées à des troubles fonctionnels (constipation, enfant qui se retient d’uriner …)
L’exploration d’imagerie, quand elle est nécessaire se base d’abord sur l’échographie. Secondairement des explorations comme la cystoscopie et l’urographie peuvent être envisagées si des facteurs anatomiques sont suspectés.

reflux vésico-urétéral et bifidité de l’uretère

La cystite base son traitement après réalisation de l’ECBU sur l’amoxicilline + acide clavulanique 80 mg/kg/j, ou le cotrimoxazole (30 mg/kg/j SFM 6 mg/kg/j TMP) ou céfixime 4 mg/kg/j toutes les 12 heures, pendant 5 jours. L’adaptation du traitement est souhaitable selon l’antibiogramme et l’état clinique.

La pyélonéphrite, ou plutôt infection urinaire fébrile (car l’atteinte parenchymateuse n’est pas prouvée au moment de l’infection) base son traitement sur le céfotaxime (ou la ceftriaxone) chez l’enfant hospitalisé (< 3 mois, uropathie, sepsis) avec l’amikacine. Quand il n’y a pas de nécessité d’hospitalisation et > 3 mois, soit traitement IV pendant 2 à 4 jours, soit traitement IM, soit per os si l’état général est conservé sans antécédents ni uropathie ni antibiothérapie préalable, en utilisant le céfixime à 4 mg/kg toutes les 12 heures. Adaptation en fonction de l’antibiogramme.

Antibiotiques à visée urinaire

On reprend une partie des notions évoquées plus haut :

  • bien que très largement prescrit, les résistances bactériennes évoluant il faut réserver la prescription des quinolones aux infections sévères, si possible documentées (afin de préserver pour son action sur le bacille pyocyanique). Il n’est plus possible d’utiliser une quinolone moins de 3 mois après une infection urinaire traitée par ces médicaments si le patient en présente un nouvel épisode (sauf antibiogramme)
  • la ceftriaxone Rocephine® est devenue le traitement de première intention des pyélonéphrites (jusqu’à quand …), son relai oral par céfixime Oroken® pose problème puisqu’il est considéré comme moins efficace et donc doit être confronté à l’antibiogramme (on ne peut pas proposer systématiquement 10 à 15 jours de piqûres à tout le monde)
  • le triméthoprime seul Delprim® va peut être être réutilisé en traitement selon antibiogrammes, plutôt que l’association au sulfamethoxazole, puisque les résistances sont les mêmes et que le TMP seul est moins toxique. pour cystite à risque de complications, colonisation urinaire et cystite gravidiques (mais à éviter les 2 1ers mois comme le Bactrim®) et en antibioprophylaxie au long cours des cystites récidivantes
  • le pevmecillinam Selexid® est donc proposé selon les dernières recommandations comme traitement tout à fait acceptable pour une cystite mais le message n’est visiblement pas passé partout et beaucoup de pharmacies n’en ont pas en stock, ce qui est problématique pour un simple traitement de cystite et risque d’influence vers d’autres traitements (quinolones, …)
  • la témocilline Négaban® dérive de la ticarcilline mais à spectre étroit sur les entérobactéries peut être utilisée par voie injectable dans les pyélonéphrites à entérobactérie productrice de BLSE après confirmation de sensibilité ; dans l’infection urinaire masculine à E p BLSE en l’absence d’alternative

Références

ECN Pilly 2018 en p^df

Recommandations pour la prise en charge des infections urinaires communautaires de l’adulte, version anglaise et française sur Sciendirect

Diagnostic et prise en charge des infections urinaires de l’adulte, Urofrance

Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires de l’adulte, AFSSAPS, Recommandations et Argumentaire

Diagnostic et antibiothérapie des infections urinaires bactériennes communautaires du nourrisson et de l’enfant, AFSSAPS, Reccomandations 2007 et Argumentaire, maj 2014 avec SPILF GPIP et SFP

Infections urinaires nosocomiales, SPILF et AFU, texte long

InFocus: Treatment of Uncomplicated Pyelonephritis in Women

Pyelonephritis , prostatitis , Radiopaedia

Traitement de l’infection urinaire basse en cours de grossesse et d’allaitement, Lecrat

Urinary Tract Infections in Pregnancy , Medscape

Pubmed

Stones, sugar and air—Emphysematous pyelonephritis

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Bilateral Emphysematous Pyelonephritis

Is Aggressive Therapy the Answer for All Cases of Emphysematous Pyelonephritis: A Report of Three Cases

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Reactivation of latent melioidosis presenting with acute pyelonephritis and bacteremia

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Clinical Profile and Outcome of Conservatively Managed Emphysematous Pyelonephritis

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A case of emphysematous pyelonephritis induced by Citrobacter freundiiinfection

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Diagnosing Acute Pyelonephritis with CT, 99mTc-DMSA SPECT, and Doppler Ultrasound: A Comparative Study

Conservative management of severe bilateral emphysematous pyelonephritis: Case series and review of literature

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Imaging of the urinary tract: the role of CT and MRI

The Association of Septic Thrombophlebitis with Septic Pulmonary Embolism in Adults

Acute abdomen in pregnancy, role of sonography

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