L’appellation anglo-saxonne « ring finger » qui n’a pas vraiment d’équivalent en français, est une lésion traumatique de la main à type de dégantement (degloving), c’est à dire une avulsion cutanée plus ou moins complète.
Cette lésion pourrait apparaître anecdotique mais elle est fréquente en traumatologie accidentelle domestique ou de bricolage du fait du port d’alliance, et de bagues divers qu’on ne retire pas pour des petits travaux.
L’accident a été typiquement décrit pour les alliances trop serrées ou plutôt impossibles à retirer après des années du fait d’un gonflement du doigt.
C’est une lésion sévère qui peut être considérée comme une amputation sélective incomplète.
L’accident est voisin des « doigts de porte » (qui désigne plutôt des lésions d’écrasement avec lésions des tissus mous et fractures de phalanges).
Dans le ring finger pur, il n’y a aucune lésion osseuse phalangienne, mais une lésion cutanée et sous-cutanée, ainsi que des vaisseaux et des nerfs.
Le doigt étant coincé, la bague accrochant un obstacle, la tentative de dégagement brutal du doigt va entrainer la bague à râcler la peau en créant une plaie qui n’est pas nette puisque la bague n’est pas tranchante.
Le décollement de la peau peut être partiel, mais en général sur toute la circonférence du doigt à la première phalange, ou complet réalisant un véritable dégantement digital (emportant également l’ongle).
La bague est en général écrasé par l’accident, renforcant l’effet de strangulation, posant des problèmes pour son ablation (les pinces coupe bague utilisées aux urgences du coup sont difficiles à faire glisser dans la plaie). Evidemment tout ceci se réalise en contexte septique.
En cas de dégantement complet, le fragment retiré est considérable comme mort, il est illusoire de tenter une réimplantation, voire si le doigt mis à nu est trop abîmé, il ne sera même pas un bon récepteur pour une greffe, ceci fera discuter une amputation.
En cas d’avulsion cutanée partielle, si le décollement est de quelques millimètres on peut essayer de parer la plaie et de la reposer en suturant lâchement (afin de ne pas être ischémique). Si le décollement avoisine 1 cm, en première intention il n’y a pas vraiment d’autre alternative qu’une suture primaire, mais il faut être conscient du fait que ces lésions tirent leur gravité de traumatismes des microvaisseaux sous-cutanés et que la cicatrisation se fera toujours très mal, au prix de séquelles inesthétiques, voire d’une nécrose du lambeau traumatisé.
Une kinésithérapie passive, une physiothérapie peut amener un peu de récupération mais la taille de la zone abîmée ne permet souvent pas beaucoup d’intervenir.
En cas de nécrose du lambeau ou de cicatrice pathologique avec retentissement local avec oedème de la portion en aval du doigt, on peut être amené à faire une chirurgie plastique secondaire, en remplaçant la peau nécrotique par une petite greffe.
C’est un accident qui pourrait être complètement évité, non pas en supprimant les mariages, mais en évitant le port d’alliances et de bagues trop serrées surtout pour tous travaux, sports, loisirs, dès que les doigts risquent d’être coincés.
Il me semble que certains préconisent de fendre l’alliance mais je ne sais pas si ça permet de prévenir les lésions…
En tt cas, bravo pour ce blog et pour les dessins !!!
Fendre les alliances, c’est efficace pour pouvoir les retirer (comme on doit le faire) après tout traumatisme de la main et du poignet, quand on a à les immobiliser par exemple. Ca permet éventuellement de les récupérer plus tard aussi. Mais dans ce genre de lésions, c’est tellement brutal que ça arrachera la peau de toutes façons.
Merci pour vos encouragements.
Ayant subi un ring finger le 5mars 2020 ,j’ai été amputé de mon doigt le 23 mars 2020. C’était un accident du travail . Quel choc…se voir mutilé par un anneau ,quel traumatisme !
C’est une pathologie qui n’est pas très connue, qui n’est pas fréquente heureusement, mais qui pourrait le devenir du fait que personne n’associe le port de bijoux à un réel risque. Ce qui est aussi un peu choquant pour cette pathologie, c’est qu’on espère que ça puisse être récupéré totalement, avec les progrès de la médecine puisqu’on arrive bien à faire des réimplantations sur des amputations traumatiques. Sauf que c’est une lésion qui n’est pas « réimplantable » malheureusement.