Les fractures de Bennett et Rolando sont des fractures de la base du pouce, du 1er métacarpien donc. Ces fractures tirent leur nom d’Edward Hallaran Bennett (1837-1907), chirurgien irlandais, et Silvio Rolando, un chirurgien italien (dont je n’ai pas les dates comme vous pouvez le constater).
Les circonstances sont toujours un traumatisme de la main, soit choc direct type coup de poing, soit une chute sur la main, éventuellement lors d’activités sportives. Cliniquement l’aspect est un peu le même pour toutes ces fractures : oedème douloureux de la main localisé vers l’éminence thénar avec impotence fonctionnelle en adduction/abduction du pouce.
Les radiographies standard précisent le type d’atteinte articulaire ou extra-articulaire, le déplacement, l’association à une autre fracture des métacarpiens ou du carpe. Il y a peu de fracture non vue à la phase initiale si les radiographies ont bien dégagé la base du pouce, nécessitant des clichés de face, profil et 3/4 pour « tourner » autour du 1er métacarpien. Les autres examens d’imagerie sont utiles en chronique en cas de difficulté de consolidation, pseudarthrose etc. Certaines orthopédistes demandent parfois un scanner en urgence ou en différé pour apprécier l’atteinte de la surface articulaire. Il pourrait y avoir une place pour l’échographie avec une sonde haute fréquence comme pour le diagnostic de fracture en visualisant la solution de continuité et l’épanchement articulaire.
Le différentiel se pose avec les atteintes plus hautes : entorse métacarpo-phalangienne du pouce, les fractures de la première phalange du pouce, et les fracture des os du carpe côté radial de la main (trapèze, trapézoïde, scaphoïde carpien, semi-lunaire qui se luxe plus qu’il ne se casse).
Procède de forces en abduction du pouce. L’aspect radiographique montre une fracture en 2 fragments de la base du pouce, au premier métacarpien, à trait articulaire, déplacement dorso-latéral, le petit fragment étant articulé avec le trapèze et le corps du métacarpien en rétraction latérale tiré par le muscle long abducteur du pouce.
Le traitement est une réduction et fixation chirurgicale quand le déplacement est important > 3 mm. Il dépend aussi de l’âge du patient, des activités professionnelles et de loisirs. Il y a un risque d’arthrose secondaire et de pseudarthrose également. Classiquement il se fait par chirurgie à ciel ouvert avec vissage par 2 vis ou par broches de Kirchner et pouvant dépasser de la peau. La voie arthroscopique est possible, dérivée du traitement de la rhizarthrose, permettant une synovectomie et le vissage du foyer de fracture.
Fracture comportant au moins 3 fragments voire comminutive de la base du premier métacarpien à trait intra-articulaire, c’est en fait une fracture de Bennett comminutive. Le mécanisme est en général un choc direct dans l’axe du 1er métacarpien sur un pouce fléchi, en général sur coup de poing. Le trait de fracture est en T ou Y, le fragment palmaire reste attaché à l’articulation carpo-métacarpienne tandis que le fragment dorsal se subluxe en dorsal et radial par traction du long abducteur du pouce.
C’est une lésion instable qui nécessite une réduction chirurgicale avec ostéosynthèse, généralement par plaque vissée.
Fracture épibasale (ça se dit ?) « epibasal fracture » en VO, ou pseudo fracture de Bennett, c’est une fracture extra-articulaire où la base du 1er métacarpien reste articulée avec l’os trapéze, mais le déplacement de la diaphyse se fait pouce en adduction.
Il s’agit généralement d’une fracture peu déplacée considérée comme stable et a souvent un traitement orthopédique par gantelet plâtré ou résine, le pouce repositionné en abduction (ce qui n’est pas forcément facile vu que ça fait mal). L’ostéosynthèse est réservée aux fractures très déplacées où il n’y a plus d’accrochage des 2 fragments, via une plaque vissée voire par fixateur externe en cas de base comminutive.
A peu de spécifité par rapport aux fractures de diaphyse des autres métacarpiens. Proche de la base c’est le même principe que la pseudo fracture de Bennett. Plus au milieu, le pouce étant très mobile il faut apprécier le déplacement en angulation, raccourcissement, rotation pour déterminer les indications d’ostéosynthèse qui semblent plus nombreuses que le traitement conservateur orthopédique.
La réparation chirurgicale est complexe voire impossible dans une fracture comminutive. Le diagnostic peut être tardif car la radiographie apprécie mal les atteintes ostéochondrales sur la tête des métacarpiens.
Bennett fracture dislocation , Rolando fracture , Epibasal fracture of the thumb , Radiopaedia
Traumatismes du pouce, Orthomouv (téléchargement direct)
Traumatismes du pouce , Clubortho
Chirurgie du sport, fracture de Bennett , arthroscopie membre supérieur
thumb fracture , AO Foundation
thumb fracture and dislocation , Medscape
ostéosynthèse par plaque vissée
chirurgie sous arthroscopie