Finochietto est un chirurgien argentin du début du siècle. C’est une des sommités médicales argentines de l’époque, sa contribution à l’amélioration des hôpitaux argentins et de la chirurgie sur le plan matériel est incontestable.
Son nom est connu en dehors de l’Amérique du sud pour l’amélioration d’un écarteur thoracique, qui s’est répandu dans tous les pays où la pratique de thoracotomie à large exposition est pratiquée, notamment en urgence.
Enrique Finochietto est né le 13 mars 1881 à Buenos Aires, son père décède alors qu’il est très jeune, c’est sa mère qui l’élève.
Il entre à l’université de Buenos Aires en 1897, avec une certaine prédisposition pour le design industriel. Il rejoint le domaine hospitalier et devient l’assistant du chirurgien Alejandro Posadas.
Sa thèse «El Pie-Bot varus equino congénito» lui vaut les honneurs en 1904., puis il rejoint la clinique des maladies de la peau et des maladies vénériennes, dépendant de l’hôpital Rawson de Buneos Aires en tant qu’interne de chirurgie.
De 1906 à 1909 il étend son champ d’action chirurgical à l’ORL, l’orthopédie, la gynécologie dans les hôpitaux européens. A son retour il prend la direction de la chirurgie de l’hôpital Rawson, où il loge sur place par souci de disponibilité pour les urgences.
En 1914 il soutient un sujet sur «Los métodos operatorios para la exclusión del píloro» pour le titre de professeur.
En 1918, il est à nouveau en Europe et travaille près de Paris à Passy dans un hôpital argentin pour les blessés. Ces efforts lui apporteront d’ailleurs une légion d’honneur.
Après la guerre il séjourne aux Etats Unis et travaille dans plusieurs hôpitaux dont la Mayo Clinic.
Finochietto enrichi de ces différentes formations s’établit enfin à Buenos Aires et s’occupe de moderniser l’hôpital Rawson. Il contribue à une meilleure organisation des services de chirurgie mais aussi de médecine, de radiologie ainsi que les laboratoires d’analyses.
Son nom reste attaché à la chirurgie puisqu’il a contribué à optimiser de nombreux instruments comme la table d’opération sous forme de table orthopédique à commande électrique pour faciliter les inclinaisons suivant les interventions, un système de lumière, une aspiration, des ciseaux des porte-aiguilles et un écarteur thoracique.
Il s’implique beaucoup dans l’enseignement de la chirurgie et devient président de la société savante de chirurgie de Buenos Aires en 1922. Il écrit avec son frère Ricardo un traité de chirurgie.
Il innove dans la chirurgie générale sur l’estomac, le duodénum et l’intestin grêle. En chirurgie thoracique il réalise la première intervention d’une lésion cardiaque chez un adolescent blessé par balle.
En dehors de la médecine, Finochietto était un passionné de tango, ami de Carlos Gardel, et le musicien Julio de Caro composa pour lui «Buen amigo».
Atteint de syphilis, il se retire progressivement de la pratique chirurgicale à partir 1933 mais garde le titre de professeur émérite. En 1940 il pratique l’extraction d’un kyste hydatique chez un enfant, ce sera sa dernière opération.
La maladie s’aggrave alors rapidement ses facultés. Il meurt le 17 février 1948, à l’âge de 66 ans.
Cet écarteur thoracique est non pas le premier mais un des derniers mis au point pour optimiser l’exposition du contenu du thorax au cours de la thoracotomie, qui auparavant devaient se réaliser avec la résection d’une voire deux côtes (comme dans l’intervention de Rehn en 1896).
Les premiers écarteurs thoraciques du début 1900 ont une forme en V (Von Mikulicz) et ne sont guère pratiques.
Il faut attendre l’écarteur de Tuffier en 1914 pour voir l’utilisation d’un système de crémaillère pour augmenter graduellement l’écartement des lames.
Finochietto a optimisé l’instrument en 1936 avec un levier, ce qui permet sans forcer d’obtenir un jour considérable.
Ses connaissances en dessin industriel ont sans doute aidé à la réalisation de cet instrument, qui parait simple mais est très puissant.
A l’heure actuelle, où les abords mini-invasifs sur le thorax sont privilégiés, des version miniatures d’écarteurs type Finochietto ou Tuffier sont utilisables pour la chirurgie thoracique «à ciel ouvert».
La thoracoscopie et la chirurgie par voie thoracoscopique n’a bien évidemment pas besoin d’écarteurs de ce type.
L’écarteur thoracique est encore utilisé en situation d’extrème urgence dans la thoracotomie de sauvetage, notamment dans les pays anglo-saxons et en Amérique du sud chez les blessés du thorax en situation de choc décompensé voire d’état de mort apparente. Le jour considérable qu’il peut donner sur le thorax donnant des images spectaculaires de gril costal soulevé en capot de voiture, permet d’avoir accès au coeur et au péricarde en cas de tamponnade, de clamper l’aorte thoracique, parfois de réaliser une première hémostase avant d’amener le patient au bloc opératoire. Il est utilisé aussi dans les thoracotomies programmées type postéro-latérale.
Ces thoracotomies ont malgré tout une mortalité très importante à cause de la sévérité de lésions des blessés du thorax.
L’écarteur de Finochietto fait partie du célèbre «plateau de thoracotomie» hurlé par les médecins de la série Urgences (ER) pour réaliser cette thoracotomie de sauvetage.
Finochietto, Wikipedia (en anglais)
« The Rib Spreader: A Chapter in the History of Thoracic Surgery »
Enrique Finochietto (en espagnol)
time lapse de la peinture numérique de l’écarteur modèle adulte