milieu insalubre avec zone d’eau stagnante, favorable au développement des moustiques, responsables d’arboviroses
Une arbovirose est une infection virale transmise par un vecteur qui est un arthropode hématophage (arbovirose pour arthropod-borne virus). Les plus courants sont les moustiques, mais on trouve aussi des phlébotomes (morphologiquement assez proches des moustiques) et des tiques.
Les virus concernés ne font pas forcément partie des mêmes familles virales : Flavivirus (dengue, West Nile, fièvre jaune), Alphavirus (Chikungunya), Bunyaviridae (fièvre de la vallée du Rift, fièvre hémorragique de Crimée-Congo), Reoviridae (Orbivirus)
Ces mêmes types de vecteurs peuvent transmettre des infections non virales : paludisme pour les moustiques, leishmanioses et bartonelloses pour les phlébotomes et maladie de Lyme pour les tiques. Ces maladies ne sont donc pas des arboviroses puisque les agents pathogènes sont des parasites protozoaires ou des bactéries.
Le virus Ebola n’est pas responsable d’arbovirose, car non transmis par un arthropode, bien qu’il donne un tableau clinique de fièvre hémorragique.
On connait 500 virus responsables de zoonoses, mais seulement une 100aine pathogènes pour l’homme. Ce sont des infections majoritairement tropicales mais certaines ont une diffusion assez importante tandis que d’autres n’existent que dans des régions très limitées du globe.
En France, les arboviroses que l’on peut croiser sont la fièvre à virus West Nile (Camargue) et l’encéphalite à tiques (Alsace, Alpes). Proches car en Europe on peut trouver la fièvre hémorragique de Crimée Congo (dans les Balkans) et la fièvre à phlébotome dans le bassin méditerranéen.
On craint également l’importation de cas tropicaux (dengue, Chikungunya) hors d’une zone d’endémie avec transmission d’un malade vers une autre personne via des vecteurs potentiels de la maladie (moustique tigre Aedes par exemple).
La répartition qui suit, par grandes régions, en fonction des tableaux cliniques, est schématique et n’est pas exhaustive :
Bassin méditerranéen, Moyen Orient
syndrome grippal : West Nile, Sindbis, fièvre à phlébotomes (fièvre pappataci), fièvre de la vallée du Rift (Moyen Orient uniquement)
encéphalite : West Nile, méningo-encéphalite européenne saisonnière à tiques
fièvre hémorragique : a priori pas de risque de fièvre hémorragique
Afrique tropicale
syndrome grippal : West Nile, fièvre jaune, Chikungunya, O’Nyong-Nyong, fièvre de la forêt de Semliki, fièvre à phlébotomes, fièvre de la vallée du Rift, fièvre à virus Zika, Bwamba, Wesselbron, Orungo, Bunyamwera, Ilesha, Tataguine
encéphalite : West Nile
fièvre hémorragique : fièvre jaune, fièvre hémorragique de Crimée-Congo
Extrême Orient, Pacifique
syndrome grippal : dengue, Chikungunya, fièvre de la forêt de Semliki, Sindbis, polyarthrite épidémique (fièvre de la Ross River), fièvre à phlébotomes, virus Kunjin (Océanie), Zika, Barmah forest
encéphalite : encéphalite japonaise, encéphalite de Murray Valley, virus Kunjin
fièvre hémorragique : dengue
Europe non méditerranéenne, ex-URSS, Inde
syndrome grippal : West Nile, fièvre hémorragique d’Omsk, maladie de la forêt de Kyasanur (Inde)
encéphalite : West Nile, encéphalite à tiques
fièvre hémorragique : fièvre hémorragique de Crimée-Congo, fièvre hémorragique d’Omsk, fièvre de la forêt de Kyasanur
Amériques
syndrome grippal : West Nile, dengue, fièvre jaune, fièvre à virus Mayaro,fièvre à virus Una, Ilheus, fièvre d’Oropuche, fièvre à tiques du Colorado
encéphalite : West Nile, encéphalite équine américaine, encéphalite de Saint Louis, encéphalite de Californie, fièvre d’Oropuche, fièvre à tiques du Colorado, encéphalite à virus Rocio
fièvre hémorragique : dengue, fièvre jaune, fièvre à tiques du Colorado
Cliniquement ces affections peuvent donner des fièvres avec syndrome pseudo-grippal, des méningites ou méningo-encéphalites, et des fièvres hémorragiques.
Pour toutes il n’y a aucun traitement antiviral curatif et très peu de traitement préventif (sauf vaccin contre la fièvre jaune).
Le diagnostic biologique peut se faire sur un prélèvement sanguin, ou sur liquide céphalo-rachidien en cas de signes de méningite, voire de biopsies en cas de décès. Dans le cas d’un prélèvement sanguin, avant le 6e jour suivant l’apparition des symptômes il s’agit de serum + sang total, après le 7e jour, du serum uniquement. L’identification peut se faire par sérologie ELISA, RT-PCR, voire isolement viral.
En cas de suspicion de fièvre hémorragique liée à un virus de classe 3 (dengue, fièvre jaune), le prélèvement est à adresser au CNR des Arbovirus. Mais en cas de suspicion de virus de classe 4 (hantavirus), c’est le CNR des Fièvres hémorragiques virales.
La priorité devant une fièvre au retour d’un pays tropical est à la recherche d’une paludisme avant celle d’une arbovirose. Etant très nombreuses, il faut aiguiller le laboratoire pour la recherche avec un maximum de renseignements cliniques : date de début des symptômes, date du prélèvement, signes cliniques, voyages au cours du mois passé, zones géographiques y compris en France, vaccins spécifique (fièvre jaune, encéphalite à tiques).
Les autres signes biologiques peuvent comporter une leuconeutropénie, une lymphocytose, monocytose, thrombopénie, cytolyse hépatique.
Il n’y a pas de traitement antiviral spécifique concernant toutes les arboviroses. Le traitement n’est que symptomatique qu’il s’agisse d’une forme bénigne, avec du repos et des antipyrétiques ou d’une forme grave, en réanimation. Il vaut mieux éviter les AINS anti-inflammatoires non stéroïdiens et bien évidemment l’aspirine dans les formes à risque hémorragique. Les autres analgésiques sont utilisables, éventuellement un palier 2 voire 3 en cas de douleurs intenses comme les arthralgies du Chikungunya.
Il existe que quelques vaccins contre la fièvre jaune et la méningo-encéphalite à tiques. Le vaccin contre le Chikungunya n’est pas suffisamment développé pour être mis sur le marché.
La prévention passe par l’éradication des gîtes de vecteurs quand celle-ci est possible. Elle est surtout envisageable pour des arboviroses transmises par des moustiques (dengue, Chikungunya) mais elle est parfois illusoire devant l’immensité du réservoir à traiter (fièvre jaune).
Pendant la phase de virémie jusqu’à 7 jours à partir du début des signes, des mesures de protection individuelle diurne, surtout le matin et au crépuscule, sont nécessaires chez le patient et son entourage : vêtements longs amples et couvrants imprégnés d’insecticides, répulsifs, moustiquaires.
L’immunité conférée par une infection à arbovirus semble durable pour celui-ci (Chikungunya) mais ne protège pas d’une infection à un autre arbovirus ni à un autre sérotype (cas de la dengue). La déclaration d’un cas de dengue et de Chikungunya en métropole reste obligatoire auprès de l’Agence régionale de Santé, et avec un dispositif spécifique outre mer.
Virus repéré pour la première fois chez le singe en 1947 et décrit chez l’homme en 1968, il tire son nom d’une forêt d’Ouganda, au sud de la capitale Kampala. Depuis peu sous les feux médiatiques, son infection est en fait majoritairement asymptômatique ou de nature pseudogrippale comme la dengue, avec en plus une éruption cutanée, une conjonctivite, un oedème des extrémités. Elle se produit de la même façon que les autres arboviroses, par vecteur moustique de type Aedes (dont le moustique tigre), mais les Etats-Unis viennent de communiquer sur un cas potentiel de contamination par voie sexuelle.
Il pose 2 problèmes liés à des complications avec pour l’instant un manque de lien clair établi de causalité :
Il n’existe pas de traitement spécifique de l’infection à virus Zika et pas de prévention vaccinale possible à l’heure actuelle.
Médecine tropicale, Arboviroses
Van Den Broucke J, Sauriez vous prendre en charge une arbovirose ?, Le Généraliste, n°2689, juin 2014
Zika Virus in the Americas — Yet Another Arbovirus Threat , NEJM
Pubmed :
Crimean congo hemorrhagic fever appearance in the north of Iran