Le Chikungunya est une infection virale, dont le virus appartient aux Alphavirus de la famille des Togaviridae. Le nom signifie en langue Makondée (1ère description en 1952 en Tanzanie), «qui marche courbé en avant».
L’infection se comporte en endémie sur le continent africain et asiatique, et par vagues épidémiques. Récemment elle s’est étendue à l’Inde et à l’Océan Indien, puis à La Réunion en 2005. Elle a déjà frappé en Europe en 2007 en Italie, et on peut voir des cas d’importation.
Le Chikungunya est une arbovirose (fièvre jaune, West Nile, …), c’est à dire qu’il est transmis par un vecteur arthropode, le moustique du genre Aedes. Ces moustiques transmettent de nombreuses infections virales en particulier la dengue. Seule 2 espèces d’Aedes ont été reconnues comme vecteur du «Chik», mais d’autres espèces pourraient le devenir. Aedes albopictus ou moustique tigre est l’espèce dont l’expansion sur la planète est préoccupante, dans des zones où il n’avait jamais été détecté. Il a été reconnu comme principal vecteur du Chikungunya lors de l’épidémie de La Réunion, devant Aedes aegypti.
La transmission interhumaine directe n’existe pas. Mais on estime possible que les malades servent d’hôtes pour que se contaminent d’autres moustiques à leur contact, pouvant à nouveau servir de vecteurs de la maladie.
La fièvre apparait brutalement après une incubation de 2 à 10 jours. Très vite un syndrome articulaire douloureux apparait sous forme de polyarthralgies : poignets, doigts, chevilles, pieds, parfois les genoux, rarement les hanches et les épaules, parfois en véritables arthrites inflammatoires avec impotence fonctionnelle majeure.
S’y associent des céphalées, des douleurs musculaires, une éruption maculo-papuleuse du tronc et des membres, des adénopathies cervicales, une conjonctivite.
Des formes hémorragiques mineures ont été décrites avec saignement gingival, epistaxis, purpura mais pas de syndrome hémorragique fébrile grave comme dans la dengue hémorragique ou les fièvres hémorragiques africaines (virus Ebola).
Les formes compliquées sont très rares, elles étaient exceptionnellement décrites avant les années 2000. L’épidémie de La Réunion a montré des formes neurologiques graves sous forme de méningo-encéphalites et polyradiculonévrites en particulier chez les sujets âgés et les nouveaux-nés dont les mères avaient été infectées peu de temps avant l’accouchement.
Il existe aussi des complications hépatiques, rénales, cardiaques et des formes vésico-bulleuses extensives.
L’évolution se fait vers une amélioration rapide en 10 jours mais les signes articulaires peuvent durer quelques semaines voire se prolonger sur un mode subaigu voire chronique sur des mois à des années.
Avant 7 jours, une recherche PCR peut être faite ainsi qu’une sérologie. Au-delà de 7 jours, le diagnostic biologique ne se fonde que sur la sérologie IgG et IgM, avec nouveau prélèvement de contrôle à partir de 10 jours.
Le traitement est symptomatique, il n’y a pas de traitement antiviral spécifique.
La part de douleurs articulaires fait intervenir des antalgiques et anti-inflammatoires mais ils n’ont pas d’effet sur l’évolution de la maladie, ni d’effet préventif.
La prévention individuelle repose sur la protection contre les moustiques (vêtements longs, répulsifs, insecticides sur les vêtements, moustiquaires).
En cas d’infection, les malades doivent se protéger des moustiques afin de ne pas transmettre de virus à un nouveau moustique qui les piquerait.
La prévention collective est une lutte contre le vecteur avec épandage d’insecticides, élimination des larves dans les eaux stagnantes autour des habitations.
L’armée américaine a développé un vaccin vivant atténué, mais il n’est pas disponible sur le marché.
Le signalement des cas de Chikungunya est impératif pour permettre les mesures de contrôle collectives
Institut de veille sanitaire : signalement des cas de Chikungunya
Santé gouvernement, Chikungunya
Le vaccin est efficace? ET pourquoi n’est-il pas disponible sur le marché?
De ce que j’ai lu, le vaccin est efficace sur le plan immunitaire et est décrit comme ayant une « tolérance acceptable ». Les essais n’ont peut être pas été très loin (pas de phases d’essais cliniques pour une diffusion dans le milieu civil). Il n’y a sans doute pas de laboratoire prêt à investir dans le développement d’un vaccin pour une maladie qui n’a que peu de formes compliquées. Il n’y a pas (hormis pour la fièvre jaune) de vaccin qui existe dans les arboviroses (dengue, West Nile). Le paludisme a mis des dizaines d’années avant de trouver un vaccin potentiel qui est testé depuis très peu de temps.
D’accord, merci bien! 🙂