Les plaies de cette région sont très fréquentes en traumatologie, la peau à ce niveau étant une peau fine directement au contact d’un relief osseux saillant qui constitue la partie supérieure de l’orbite.
Que ces plaies soient isolées faisant suite à un choc direct (coup de poing, chute sur le visage, contact direct lors de sport collectif) ou incluses dans un traumatisme facial plus complexe (voire un polytraumatisme), ces plaies sont rarement très hémorragiques, ou un tamponnement local suffit à réaliser l’hémostase (arcade sourcilière du boxeur). Elles font généralement parties des plaies superficielles et leur prise en charge est superposable aux plaies cervicales superficielles et plaies simples du cuir chevelu le souci esthétique en plus.
Dans le premier cas ce sont souvent des plaies par éclatement de la peau étirée au maximum lors de l’impact et réalisant ainsi une solution de continuité. Il n’y a donc pas de perte de substance cutanée ce qui simplifiera la fermeture. On s’assurera que la plaie ne se propage pas à la paupière supérieure, que ce ne soit pas une plaie pénétrante avec lésion sous jacente du cartilage tarse voire du globe oculaire, ou une contusion oculaire.
Dans le second cas comme il n’y a quasiment pas d’élements nobles à ce niveau, le seul risque est la poursuite de la plaie vers le front ou la paupière voire la création d’une lacération faciale étendue. A ce moment, la plaie de la région sourcilière devient secondaire et n’est plus qu’une plaie de transition entre celles plus complexes.
La présence de corps étrangers est toujours possible (éclats de pare brise).
Ces plaies sont souvent linéaires, courtes, peu profondes, à direction horizontale, verticale ou en biais, traversant le sourcil. Les 2 dernières ont un risque de cicatrice visible plus important, puisqu’elles coupent les lignes de tension de la peau.
On peut éventuellement s’attendre à une contusion bénigne du globe oculaire, avec hémorragie conjonctivale sans gravité, mais l’examen ophtalmologique de base doit être normal.
La prise en charge est assez simple devant une plaie nette. Sur le terrain, la compression de la plaie est utile, et une fois l’hémostase temporaire obtenue, on peut placer un pansement en turban et orienter le patient vers un centre de soins pour fermeture cutanée définitive. Dans certaines rencontres sportives, le joueur est évacué vers le vestiaire et suturé directement, ou on utilise de la colle biologique ou des agrafes pour que le joueur puisse poursuivre jusqu’à la fin du match.
En cabinet ou aux urgences, la prise en charge est similaire à toute plaie des parties molles. Ces plaies saignant facilement, il faut un bon nettoyage éventuellement en utilisant de l’eau oxygénée pour éliminer le sang et pour ses vertus hémostatiques. L’antisepsie n’a pas besoin d’être trop minutieuse, les plaies de la face s’infectant rarement.
L’anesthésie locale emploie de la lidocaïne éventuellement avec adrénaline par infiltration sous-cutanée. Chez les enfants ces plaies peuvent être suturées sous protoxyde d’azote. Chez l’adulte, s’il y a peu de points de suture à faire, on peut se dispenser d’une anesthésie locale qui va faire resaigner la plaie et la faire gonfler transitoirement.
Le rapprochement des berges de la plaie est fondamental, puisque le décalage aboutira à un cicatrice inesthétique. On déconseille l’excision des bords de la plaie sauf s’ils sont vraiment très abîmés ou contus, ce parage est alors parcimonieux et dans l’axe du sourcil.
La fermeture cutanée se fait souvent par suture au fil non résorbable. Eventuellement quelques points de fils résorbable, profonds, si la plaie est déhiscente. Le choix du fil se porte généralement sur du nylon ou du polypropylène en 5/0 voire 6/0. On coupe les brins du fil assez longs pour pouvoir les repérer facilement lors du retrait, au bout de 5 à 7 jours. Si la plaie est assez profonde on peut tenter un surjet intradermique au fil résorbable de calibre identique.
L’utilisation de la colle biologique sur ces plaies est possible, sans doute supérieure aux steri-strips qui vont rapidement perdre leur adhérence.
Contrairement aux plaies des régions pileuses, on ne rase pas le sourcil, on dégagera juste les follicules pileux pour éviter qu’ils soient incorporés dans la plaie, car la repousse pileuse n’est pas assurée.
Il est difficile de faire tenir un pansement dans cette zone et la plaie peut facilement être laissée à l’air. L’application d’un corps gras comme de la vaseline est souvent conseillée mais il n’y a pas réellement de preuve d’efficacité sur le plan esthétique. Les américains utilisent parfois une pommade antibiotique locale (je ne l’ai jamais vu faire, à mon sens ce n’est probablement pas utile). La désinfection de la plaie les jours suivant et légère. Quand la colle est utilisée, elle va se dissoudre spontanément en 1 semaine.
A distance, il faut éviter l’exposition prolongée au soleil.
Comme pour toute plaie, il faut vérifier la vaccination antitétanique.
Eyebrow laceration, Greenberg’s text-atlas of emergency medicine
Lid cracked open , Life in the fast lane