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Hippocrate de Cos

Hippocrate Cos

buste représentant l’image qu’on se fait d’Hippocrate

Le nom d’Hippocrate est connu dans le monde entier.
L’homme est reconnu comme étant le père de la médecine.
Ses principes moraux sont dictés dans le serment que prêtent les médecins à la fin de leurs études.
Mais que sait on réellement d’Hippocrate en dehors de la légende ?

Biographie

On situe sa naissance vers 460 avant Jesus Christ, dans l’île de Cos (ou Kos), une petite île de la mer Egée faisant face à la Turquie. Son parcours historique est imprécis.
En Grèce, c’est l’époque du siècle de Périclès.
Il a appris de son grand-père, Hippocrate l’ancien, et de son père Héraclidès, les principes anatomiques et médicaux. Ils se vantaient selon la légende de descendre du dieu grec Asclépios et on peut supposer que parmi ses ancêtres, beaucoup pratiquaient la médecine.

Quittant l’île de Cos pour poursuivre son apprentissage dans le nord de la Grèce, il pratique comme périodeute (sorte de médecin itinérant travaillant de ville en ville).
Sa réputation croît en Thrace, en Thessalie et en Macédoine.
En 443, il entreprend un long voyage en Egypte et en Syrie, puis en Italie et en Sicile ce qui renforce considérablement ses connaissances médicales.

Pendant la guerre du Péloponnèse, les médecins et les prêtres ne sont pas très différents, et s’organisent autour d’établissements de soins, les asclépeions. Néanmoins cela ne satisfait pas Hippocrate qui y voit trop de croyance et pas assez de science.

Il fonde une école médicale dans son île de naissance en 440, ses fils et son gendre seront ses disciples et ce dernier continuera son enseignement à Cos.
Hippocrate et ses fils retourneront en Thessalie fonder une autre école, à Larissa.
Pour subsister les médecins travaillent pour des gens fortunés qui les rétribuent de leurs services, mais ils prodiguent gratuitement leurs soins aux pauvres et aux esclaves.

Il meurt vers 370 av JC à Larissa.

Les anecdotes concernant sa vie ne sont pas très fiables, car il y a très peu de témoignages et dans les origines de l’histoire de la médecine il a toujours été tentant d’entretenir la légende d’un patriarche omniscient.
Même l’image que nous avons de lui est probablement biaisée, la vision d’un homme d’un certain âge, chauve et barbu confortant l’idée de la sagesse.

Apport en médecine

Son école de Cos n’est pas la seule école de médecine à cette époque. On en connait à Cnide, à Rhodes, à Crotone et même à Agrigente en Sicile. Mais Cos a vraisemblablement eu le plus d’extension gràce à la renommée qu’Hippocrate avait acquise.

La pratique de la médecine hippocratique se base sur quatre concepts :

– l’importance de la connaissance de l’organisme et de son environnement

– le fait que la maladie soit une conséquence d’une atteinte de l’ensemble du corps

– l’organisme était régi par la sécrétion de 4 types d’humeur (sang, phlegme, bile jaune et bile noire) et la bonne santé résultait d’un équilibre harmonieux de celles-ci

– la rupture de l’équilibre est la conséquence d’un facteur propre au malade ou à son mode de vie, son alimentation, ou aux deux

Ce sont des notions très anciennes qui aujourd’hui paraissent floues voire saugrenues. Mais à une époque où les connaissances sont très limités, elles témoignent d’un désir de structuration de la pratique médicale. Rien n’interdisait en Grèce dans l’Antiquité, à qui le voulait de s’autoproclamer médecin et de pratiquer de façon artisanale.
La vision naïve des 4 humeurs et des notions erronées sur l’anatomie s’expliquent par le fait que les dissections étaient interdites.

De ses concepts et de l’observation attentive des maladies, Hippocrate et ses disciples produiront une quantité phénoménale d’ouvrages de grande valeur.
Le Corpus hippocratique est la synthèse des textes médicaux d’Hippocrate et de ses disciples. Il est composé de différents styles, dans un esprit de compilation de connaissances. Il contient des éléments de l’éthique médicale, qui ont servi à dicter le fameux serment d’Hippocrate, bien qu’on ne soit pas certain que la première version du serment ait été réellement écrite à l’époque d’Hippocrate.

Sur le plan des disciplines, il est difficile de faire une liste précise des pratiques qu’Hippocrate a contribué à améliorer.
Selon certains auteurs la chirurgie était balbutiante en dehors des trépanations. D’autres au contraire évoquent des pratiques chirurgicales étendues, mais ce sont sans doute des interventions de «petite chirurgie» comme des incisions d’abcès. Il est néanmoins possible que d’autres opérations aient été pratiquées, puisque une forme d’anesthésie était utilisée à base de pavot et de mandragore.
L’orthopédie est déjà développée pour le traitement des fractures et luxations. Il semble que l’obstétrique soit aussi évoquée dans ses traités.

Les traitements médicaux sont beaucoup plus modestes, soit à base de métaux soit plus souvent d’origine végétale : orge, ail, concombre, … souvent en association et souvent sans réel effet thérapeutique. Mais la pensée hippocratique était axée sur le fait de ne pas nuire et sa méthode était donc très attentiste voire palliative (contrairement à l’école de Cnide plus axée sur le diagnostic, mais ayant paradoxalement de moins bons résultats).
On appliquait du miel sur les plaies en cas d’infection, technique encore parfois utilisée de nos jours (apithérapie).

En rêgle générale Hippocrate apporte un soin particulier à l’hygiène et l’alimentation ce qui à l’époque n’était déjà pas si mal !

Ce qui reste surtout des concepts hippocratiques, c’est une rigueur et une discipline pour faire de la pratique médicale un métier fiable. Il est véritablement le premier médecin clinicien qui voue un intérêt majeur à l’interrogatoire et l’examen du malade.

Héritage

Hippocrate n’est pas vraiment le père de la médecine en tous cas pas de toutes les médecines, on s’en doute. Des témoignages plus anciens dans d’autres pays existent (cf Sushruta en Inde).
Mais il est au moins le père de la médecine dans le monde occidental, et surtout le père d’une certaine conception de la médecine.

Bien qu’il y eut probablement beaucoup de médecins de valeur après Hippocrate, qui se basèrent sur ses enseignements, le nom le plus célèbre sera celui de Claude Galien (129-200 après JC).
Après l’âge d’or de la Grèce antique, c’est Rome qui sera le foyer de l’Europe, mais la médecine romaine n’existera quasiment pas en tant que telle, elle se reposera sur des médecins venant de Grèce.

Les connaissances hippocratiques et celles amenées par Galien serviront de base à toute la théorie médicale du Moyen Âge. Enfin plutôt serviront les intérêts de l’Eglise qui y verra un moyen de tenir les esprits dans l’obscurantisme en décrétant que ces connaissances parfaites ne pouvaient trouver d’améliorations, et ainsi empêcher le développement intellectuel.
Si l’on en revient à l’idée qu’Hippocrate a créé son école pour se distinguer des superstitions, c’est une belle ironie. Car Hippocrate qui considérait que «les maladies ont une cause naturelle et non surnaturelle, cause que l’on peut étudier et comprendre» a tiré sa science des principes de la philosophie grecque et non de la religion.

Le paradoxe d’Hippocrate est là : issu des dieux de la médecine grecque selon la légende familiale, sa pratique est basée sur la modestie, la rigueur, la prudence, et il finira hissé en icône d’un savoir irréfutable, chose qu’il n’aurait probablement jamais admise.

Sources  et références à consulter :

Halioua B, Histoire de la médecine, abrégés Masson

Hippocrate sur Wikipedia (avec des réserves cependant sur certains paragraphes)

Hippocrate sur Medarus

Hippocrate dans l’encyclopédie Larousse

Voir aussi sur le site :

Sushruta, naissance de la médecine en Inde

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