Hartmann n’est pas un nom connu dans l’histoire de la « médecine ». Il appartient à l’histoire de la chirurgie, et encore de nos jours les chirurgiens digestifs pratiquent le procédé de Hartmann, ou programment «un Hartmann» sur leur planning opératoire.
Henri Albert Hartmann est en1860 à Paris, ville où assez logiquement il étudia la médecine, et devînt stagiaire auprès de Félix Terrier puis son assistant pendant 15 ans.
Il soutient une thèse de doctorat sur le traitement des cystites douloureuses en 1887.
Parallèlement il est aussi responsable de l’enseignement en médecine opératoire auprès de plusieurs grandes écoles. Cette partie de son travail lui permettra de remplacer puis de prendre les chaires de grands noms de l’époque comme Terrier déjà évoqué, mais aussi Edouard Quenu et Paul Segond.
En 1915 il occupe la chaire de clinique chirurgicale à l’Hôtel Dieu à la place de Jean Reclus, et il gardera ce poste jusqu’à sa retraite.
Il a été membre de nombreuses sociétés savantes et a publié beaucoup de documents conservés dans les archives de l’Hôtel Dieu. Ce qui lui amènera des distinctions comme Grand officier de la légion d’honneur.
Hartmann a ainsi eu une grande activité d’enseignant, en redonnant une grande place à l’examen clinique tout en veillant à respecter le patient.
Les disciplines abordées sont assez vastes, mais on retient son nom dans le domaine de la chirurgie digestive avant tout, en particulier colorectale.
Il est décédé en 1952 à l’âge de 91 ans.
En chirurgie digestive au sens large, Hartmann a beaucoup contribué souvent en association avec d’autres chirurgiens de l’époque : chirurgie de l’estomac, anastomoses digestives, chirurgie des voies biliaires …
Un apport important à l’époque mais aujourd’hui plus historique, porte sur la tuberculose intestinale notamment au niveau de la jonction intestin grêle et colon, au caecum, ceci en proposant un nouvel arrangement anastomotique, plus anatomique que les sutures qui étaient proposées avant lui.
Ses participations aux différentes associations professionnelles l’ont fait contribuer à d’autres domaines que la gastro-entérologie. Il a même participé à la fondation de l’association française d’urologie.
Ses rédactions d’articles et de traités ont également étendu le champ de sa pratique à l’ensemble de la chirurgie générale (Manuel de clinique chirurgicale et pathologie, Traité de thérapeutique chirurgicale opératoire, Travaux de chirurgie anatomoclinique, …)
Hartmann l’évoque déjà en 1921 et publie en 1931 un traité de «chirurgie du rectum» qui retrace ses années de pratique opératoire dans la chirurgie du cancer colorectal.
Il y décrit une technique de colectomie en 2 étapes qui évite l’ancienne technique de Miles en un temps et qui était une grande intervention d’extirpation par voie abdominopérinéale des cancers du colon sigmoïde, et dont la mortalité était importante.
Hartmann propose donc d’exclure le segment colique tumoral, mais de ne pas réaboucher immédiatement les parties sus (colique gauche) et sous-jacente (rectale) pour éviter que la suture (quand elle est possible) ne se fasse sous tension et avec une arrivée de matières et de gaz qui font courir un risque septique important.
La partie haute colique est donc abouchée à la peau en colostomie, et la partie basse rectale est fermée en «cul-de-sac».
Dans un second temps quand le moment parait idéal passé quelques mois, la stomie est supprimée et l’extrémité colique est anastomosée à la poche rectale réouverte pour l’occasion.
Les risques sont également présents dans cette chirurgie secondaire, mais la phase délicate de l’exérèse tumorale est passée, et on se laisse le temps de décider si le réabouchement colorectal est possible et pas trop risqué pour le patient.
A l’heure actuelle où on prend en charge les cancers coliques beaucoup plus tôt qu’au XIXème siècle et début du XXème, on peut souvent envisager une suture-anastomose directe après exérèse de la tumeur. La technique de Hartmann n’est utilisée que dans la chirurgie d’urgence des sigmoïdites (ou diverticulites) avancées déjà au stade de péritonite localisée voire généralisée, ou à des fins palliatives dans les tumeurs inextirpables, en cas d’occlusion basse notamment (volvulus sigmoïde pris en charge tardivement).
Dans le premier cas l’anastomose 3 mois après peut être envisagée mais parfois la colostomie est définitive comme dans le second cas.
Hartmann, Historiadelamedicina.org (en espagnol)
La place de l’opération de Hartmann, chirurgie-viscerale.org
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Bien évidemment il ne faudrait pas cofondre Henri Albert Hartmann, chirurgien français du début du siècle avec le sergent Hartman du film Full Metal Jacket, interprété par Ronald Lee Ermey …