thoracotomie

petite encyclopédie de l'urgence

Hémarthrose et hygroma post traumatique

hemarthrose genou

volumineuse hémarthrose du genou droit

Une hémarthrose est un épanchement articulaire constitué, certes de liquide synovial, mais d’une plus ou moins grande quantité de sang. Les traumatismes sont les grands pourvoyeurs d’hémarthroses, même si des épanchements sanguins spontanés ou suite à des micro-traumatismes peuvent survenir, en particulier en présence de troubles de la crase sanguine ou sous traitement anticoagulant.

Diagnostic

Une hémarthrose est une notion sémiologique et pas une pathologie bien spécifique. La reconnaître est assez facile quand le volume de liquide hémorragique est important.

Du strict point de vue de l’examen clinique et avant la ponction, rien ne distingue réellement une hémarthrose d’un épanchement synovial (hydarthrose, arthrite microcristalline, arthrite septique).
Le contexte peut orienter si la notion de traumatisme est évidente, mais on voit peu d’ecchymoses ou de marques cutanées qui l’évoquent. Les traumatismes directs et contusions provoquent peu d’hémarthroses qui sont plus l’apanage des traumatismes indirects (entorses).

L’épanchement articulaire est reconnu à la tuméfaction globale de l’articulation. L’augmentation de chaleur locale évoque plutôt des arthrites inflammatoires ou infectieuses mais «à chaud» dans un épanchement traumatique l’articulation peut être aussi un peu chaude. L’épanchement du genou est le plus facile à diagnostiquer, visuellement il est parlant puisqu’on ne reconnait plus le relief de la rotule, et la palpation retrouve un choc rotulien : les deux mains de l’examinateur empaumant le genou en dessous et au dessus de la rotule, elles chassent le liquide sous la rotule. Un index appuie alors verticalement sur la rotule et on peut produire un mouvement ascensionnel jusqu’à buter sur la trochlée fémorale.
L’épanchement du genou n’est pas forcément très douloureux mais il limite les mouvements du patient occasionnant une boîterie.

L’imagerie est intéressante non pas pour la nature du liquide mais pour la recherche de l’étiologie. En particulier en traumatologie, au genou avec la recherche de lésions méniscales ou des ligaments croîsés. Si la radiographie de genou en urgence est souvent normale, elle peut néanmoins dépister des épanchements peu parlants cliniquement, en montrant un refoulement des parties molles, au niveau des lignes qui délimitent normalement l’articulation (genou et coude). Dans les traumatismes, elle est rapide et disponible immédiatement pour dépister une anomalie osseuse. L’IRM fait un bilan lésionnel précis mais à l’inconvénient de son prix et de son manque de disponibilités.
L’échographie peut rendre des services précieux en étant rapidement disponible et permet de reconnaitre des épanchements aux articulations proximales (en particulier à la hanche).

Au genou on considère souvent que 80 % des hémarthroses correspondent à une lésion isolée du ligament croîsé antérieur.

Les hémarthroses d’autres articulations sont tout à fait possibles, mais elles sont cliniquement plus difficiles à diagnostiquer et moins accessibles à la ponction articulaire «simple» ou en tous cas nécessitent un recours au rhumatologue ou au chirurgien orthopédiste. Les signes principaux seront, plus qu’une déformation (car l’épanchement est souvent peu important) une douleur spontanée et à la mobilisation et une impotence fonctionnelle avec limitation des amplitudes articulaires.

Etiologies

Dans le cas d’un traumatisme, l’hémarthrose peut être dûe à une lésion ligamentaire (au genou : ligaments croîsés, ligament collatéral et ménisques) mais  aussi une fracture à trait de refend articulaire qui engendre quasi automatiquement un épanchement de sang dans l’articulation.

Les épanchements spontanés ou micro-traumatiques (en dehors d’une articulation : Morel Lavallée) sont retrouvés chez les patients sous anticoagulants (même sans surdosage par exemple en antivitamines K), ou antiagrégants plaquettaires, et en présence de troubles hématologiques (hémophilie A plutôt que B, thrombopénie, maladie de Willebrand, …). Dans ce dernier cas, elles peuvent toucher une seule articulation ou plusieurs en même temps et surtout être récidivantes.

Certaines affections inflammatoires peuvent provoquer des hémarthroses comme la chondrocalcinose, plus rarement une infection. La synovite villonodulaire (prolifération anormale de la membrane synoviale) peut aussi produire un liquide hémorragique. Enfin des hémarthroses essentielles (c’est à dire sans étiologie précise identifiée) se voient parfois comme dans l’épaule sénile hémorragique (hémarthrose chez le vieillard ayant une atteinte chronique de la coiffe des rotateurs).

Diagnostic différentiel

Il y a peu de diagnostic différentiel clinique (hormis de par la nature du liquide), l’hygroma ou bursite étant en avant de l’articulation (genou, coude).
Les articulations très tuméfiées ou déformées peuvent être (mais c’est plutôt rare) le siège de tumeurs ostéo-articulaires.

Dans les traumatismes, lorsque la tuméfaction est très importante il faut penser à une fracture articulaire associée voire une luxation.

Prise en charge et traitement

épanchement articulaire post traumatique postérieur du coude, coude en extension

La ponction articulaire est la seule à pouvoir affirmer précisément la nature du liquide. L’échographie est intéressante pour mesurer l’étendue de l’épanchement dans les cas où cliniquement on n’est pas sûr d’avoir un grand volume de liquide. La ponction peut être également écho-guidée si nécessaire.
Dans un épanchement articulaire sans orientation étiologique précise, elle est indispensable à partir du moment où le volume de liquide est suffisamment important pour permettre une ponction sans risques.

Dans un épanchement hémorragique c’est moins vrai, puisqu’on peut suspecter, par exemple devant une entorse du genou, que le contenu est du sang franc. Le prouver par ponction n’amènera qu’une confirmation diagnostique peu utile. On espère aussi la résorption spontanée du sang dans l’articulation dans les suites d’un traumatisme ce qui n’est pas forcément le cas dans une hémarthrose spontanée de nature « médicale ». Qui plus est à long terme et surtout en cas de récidive, la présence de sang dans l’articulation finit par l’abîmer de l’intérieur.
Les volumineuses hémarthroses, surtout quand elles sont douloureuses peuvent être ponctionnées car on l’envisage sur un plan thérapeutique pour soulager l’articulation. Le problème étant la récidive de l’épanchement articulaire.

Raisonnablement, il faut ponctionner une à deux fois une hémarthrose, et immobiliser le membre pour limiter le risque de reconstitution de l’hématome (attelle de Zimmer de genou, écharpe pour épaule et coude).

La ponction au genou se fait facilement au bord supérieur et externe de la rotule, l’aiguille légèrement dirigée vers le bas et l’intérieur pour prélever le liquide collecté dans le cul-de-sac sous-quadricipital. Comme toute ponction elle se réalise avec antisepsie de la peau et aiguille stérile, précédée éventuellement d’une petite anesthésie locale à la xylocaïne.

L’analyse du liquide de ponction ne se fait que si le diagnostic hésite avec une affection inflammatoire ou infectieuse. Sinon l’aspect macroscopique de sang rouge vif et incoagulable témoigne de l’hémarthrose. Comme toute ponction, la ponction articulaire peut être « traumatique » si elle a blessé un petit vaisseau au passage, mais dans ce cas le liquide est moins teinté, et un caillot finira par se déposer au fond du tube de prélèvement.

Hygroma

En théorie l’hygroma ou bursite, est un épanchement dans une bourse synoviale, l’hyperproduction de liquide fait qu’il est souvent inflammatoire ou mécanique par micro-traumatisme répété (professions à risque travaillant à genoux). La bursite peut également s’infecter sur porte d’entrée de voisinage.
Le diagnostic est assez facile, puisque les bourses synoviales les plus touchées sont la bourse rétro-olécrânienne et la bourse pré-rotulienne. Dans le 1er cas il est difficile de la confondre avec une atteinte du coude, mais dans le 2e on peut éventuellement douter en voyant la tuméfaction mais la palpation ou l’écho renseignent rapidement sur le site de l’effusion.
En post-traumatique, ces hygromas sont possibles mais il faut vérifier qu’il n’existe pas une fracture sur le cubitus (fracture d’épine olécrânienne par exemple) ou sur la rotule.

Les hygroma sont moins intéressants à ponctionner, devant le risque théorique de surinfection, on récupère généralement peu de liquide et on peut se faire avoir sur des genoux à la peau déjà épaissie. L’hygroma du coude vraiment très en relief est particulièrement gênant et là il peut être intéressant de réaliser une ponction pour soulager le patient, mais il faut proposer une immobilisation au moins par écharpe sinon la récidive est quasi systématique.
Les hygromas abondants sur fracture ou récidivants ou surinfectés doivent être confiés au chirurgien pour drainage et exérèse de la bourse synoviale.

hygroma post traumatique pré patellaire chronique en échographie

bursite rétro-olécrânienne post-traumatique : on voit curieusement une hyperhémie au Doppler, mais la ponction de l’hygroma ramènera uniquement du sang

Références

ECN Item 307 : douleur et épanchement articulaire. Arthrite d’évolution récente

Sail sign, Radiopaedia

Prevention of the musculoskeletal complications of hemophilia

Médias

37 commentaires sur “Hémarthrose et hygroma post traumatique

  1. A.
    8 Mai 2014

    bonjour docteur j ai un hémarthrose :et je voudrai bien savoir les intervention a faire au niveaux medicale merci d avance

    • Tom O'Graphy
      8 Mai 2014

      Il est difficile de vous répondre puisque ça dépend du volume, de la localisation, du retentissement fonctionnel et de la douleur. Le traitement peut donc varier entre l’abstention thérapeutique, l’immobilisation plâtrée, la ponction articulaire et la chirurgie. Pour plus d’informations sur votre situation, vous devriez consulter votre médecin.

  2. wallet
    30 novembre 2014

    Hemartose recidivante suite a une menisctomie. Deja ponctionne 1 fois . Que faire ?

    • Tom O'Graphy
      1 décembre 2014

      Si elle est volumineuse et très douloureuse, elle peut sans doute être reponctionnée mais risque encore de se reconstituer. Il faut prendre un avis chirurgical en orthopédie

  3. alain
    12 mars 2015

    Bonjour docteur,depuis 2 semaines j ai été victime une hemarthrose lors d’un match de football loisir, apres consultation, le médecin m avait prescrit MEFTAL FORTE, ESMODOM et la bombe DEAP IT SPRAY. Au fait le genou est un peu gonflé j’ai presque pas mal faut en cas d’un faut pas, mais j’ai difficile a plier la jambe.

    • Tom O'Graphy
      17 mars 2015

      Quelle est la question dans le commentaire en fait ? Attention comme je le répète souvent ici, je ne suis pas là pour proposer une consultation virtuelle, mais juste répondre à des questions théoriques sur les maladies que j’expose sur le site.

  4. Adrien
    4 avril 2015

    Bonjour docteur,
    en octobre 2012 je ai eu une ligamentoplastie et une suture du ménisque. Depuis epenchements à répétition tellement forte que je suis en arrêt minimum 2 mois pour que ça dégonfle. Donc j’ai refait IRM qui montre une ligamentoplastie satisfaisante et je vais régulièrement chez mon rhumatologue pour me faire ponctionner et là on retrouve du sang dans le genou couleur rouge noir. Mon chirurgien pensait que mon genou n’etait pas assez musclé donc j’ai fait fin 2014 une rééducation dans un centre spécialisé qui s’est bien passé.Il y a 1 mois rebelote mon genou regonfle et aujourd’hui je suis allé voir le rhumato pour une ponction pareil du sang dans le genou et il a pas pu en récuperer beaucoup car des caillaux de sang se sont formés. Donc il m’a reorienter vers un chirurgien pour faire un lavage du genou mais m’a prévenu que cela ne réglerai pas le problème. Donc depuis octobre 2012 je galère et souffre de ce genou. Mon chirurgien ne cesse de me répéter que c’est à cause d’un manque de muscle donc là je vais voir un autre chirurgien on verra bien. Mais bon si vous avez une idée je suis preneur merci.

    • Tom O'Graphy
      7 avril 2015

      Je ne réponds jamais de manière directe aux situations personnelles que les gens peuvent évoquer ici dans les commentaires. 1/parce que c’est contraire à l’éthique, et 2/parce que généralement il s’agit de situations chroniques et qui sortent de mon domaine de compétence. Bon courage

    • vincent
      22 Mai 2017

      bonjour adrien,
      pouvez-vous me dire ou vous en êtes et si vous avez trouvez la solutions à vos problèmes ?

      • Tom O'Graphy
        13 juin 2017

        De même que je ne répondais pas à cette personne directement sur son problème, les commentaires ne sont pas non plus un forum de discussion, vous trouverez votre bonheur ailleurs sur le web ce n’est pas ce qui manque. N’y voyez aucune animosité mais ce n’est tout simplement pas l’esprit du site.

  5. lucas
    26 avril 2015

    Bonjour ,
    j’ai eu, à plusieurs reprises, une hemarthrose située principalement aux deux chevilles et un genou, cela dû a la prise de warfarine (traitement depuis 2 ans) préventif à mes phlébites répétitives. que dois-je faire lors de ces « crise » d’hemarthrose : diminuer mon taux de « coumadine-Warfarine » actuellement 6 mg jour ou ne rien faire????

    • Tom O'Graphy
      27 avril 2015

      C’est compliqué, parce que si à chaque épisode vous êtes dans la cible souhaitée de votre INR, on ne peut pas trop vous conseiller de réduire ou d’interrompre la prise de votre anticoagulant sans craindre que vous ne fassiez à nouveau une thrombose. Si l’hémarthrose n’est pas monstrueuse, il faut attendre qu’elle se résorbe, si elle est importante et symptômatique, il faut sans doute la ponctionner mais du coup elle peut revenir. D’une manière générale, faire « tomber » votre anticoagulation alors que l’hémarthrose est déjà là ne va pas la faire se résorber plus vite de toutes façons. S’il n’y a pas de preuve biologique de thrombophilie, il faut peut être réévaluer la balance bénéfices/risques d’avoir un anticoagulant curatif au long cours, plutôt que de diagnostiquer/traiter toute situation évocatrice d’un début de phlébite par exemple. Encore une fois c’est un problème assez complexe qu’on ne peut démêler qu’au cas par cas en ayant tout le dossier et en prenant des avis spécialisés.

      • lucas
        27 avril 2015

        Je vous remercie de votre réponse, il est évident qu’il est hors de question de descendre « sous la barre » INR « 2 » je suis actuellement à 3.14 à ma derniere evaluation INR (le 15/4/2015) soit légèrement au dessus des 2.15 / 2.40 habituellement relevé, ceci étant peut etre responsable de mon hémarthrose, problème déjà rencontré fin 2013 avec la prise de « XARELTO » qui a provoqué dans les 24 heures une importante hemarthose aux quatre articulations basses (genoux/chevilles) diagnostiqué aux urgences , arrêt immédiat du XARELTO pour HBPM suivi de coumadine depuis cette date.
        je suis bien diagnostiqué trombophile et soumis à un traitement à vie sous coumadine
        Merci beaucoup de votre conseil
        je suis suivi au long cours par mon référend actuellement en vacances

  6. Nadine
    11 août 2016

    Bonjour Docteur. Mon fils de 16 ans s’est cogné le genou contre un mur il y a 3 semaines. Son genou a beaucoup enflé et lui faisait très mal, il ne pouvait plus le plier. Aux urgences, après radio et échographie, il lui a été prescrit 3 semaines d’attelle, béquilles et piqûres de Lovenox. Aujourd’hui lors du contrôle, le médecin interne paraissait hésitant entre continuer attelle, béquilles, ou autre. Le genou est encore légèrement enflé par rapport à l’autre et mon fils a juste mal quand il plie à fond. Nous n’avons pas trop compris l’indication finalement et nous pensons que ce serait finalement possible de tout arrêter et reprendre une vie normale pour voir si cela fait encore mal. Est-ce risqué ? Cela peut-il entraîner des séquelles ou une guérison traînante ? Merci beaucoup par avance pour votre avis.

    • Tom O'Graphy
      22 août 2016

      Comme à chaque cas particulier, difficile de répondre sans connaître le dossier.
      S’il paraît n’avoir qu’une gêne très modérée aujourd’hui il est sans doute possible de ne plus porter l’attelle systématiquement.

  7. Laurence
    16 septembre 2016

    Bonjour Dr
    après une chute 17/7/16 (bousculée à terre par mon cheval) sur le genou gauche et une douleur atroce, rien de cassé à la radio. 24 h plus tard, épanchement énorme visible en surface et grosse gonfle au dessus du genou avec qq bleus autour. Retour aux urgences mais rien d’autre que anti inflammatoires et autres anti douleurs. 10 jours après la chute échographie et première ponction (50cc de liquide séreux rosé), récidivé dans les 24h, seconde ponction une semaine après (3/8). Pas d’attele ni contention préconisée par le Dr. Mais il évoque le morel lavallée sans l’affirmer. Du coup j’ai mis une contention autour du genou.
    Le 18/8 pas d’évolution j’ai vu un autre Dr qui prescrit contention veineuse, attèle et irm. Ce dernier fait le 26/8 confirme un morel lavallée. Un Dr du sport me conseille de garder attèle et reposer et de faire une écho dans 6 semaines. Ce jour un chirurgien orthopédiste me dit d’enlever tout ça,que je suis en train de m’auto handicaper et que je dois replier le genou et dément le morel lavallée. Il parle d’hygroma extra articulaire ( ce sont juste les tissus fibreux, rien d’atteint à l’articulation ni tendon) si l’épanchement revient on peut envisager une ponction avec corticoïdes. Dsl pour la longueur mais vous pouvez comprendre que je ne sais plus sur quel pied danser….sans mauvais jeu de mot. Quelle différence notable entre hygroma et morel lavallée ? Je suis ravie de ce dernier avis mais j’ai peur de plier trop et de redechirer les tissus et entretenir la récidive.

    • Tom O'Graphy
      20 septembre 2016

      C’est très compliqué (voire pas souhaitable) de répondre à une demande d’avis personnel sur un site comme ça.
      Faites bien la différence entre les médecins que vous consultez et donc la « valeur » de l’avis donné. Je veux dire qu’un urgentiste va vous donner des conseils qui sont valables sur très court terme (parce qu’ils ne voient pas les gens qui développent le même problème sur la longueur). Qu’un généraliste peut avoir des conseils ou des orientations intéressantes (ils sont les 1ers sollicités pour un avis sur le sujet) mais qu’ils ont souvent besoin d’un avis complémentaire sur des problèmes spécifiques. Qu’un médecin du sport s’y connait plutôt bien en traumatologie et en soins chroniques mais plutôt dans ce qui est fréquent chez le sportif, et n’étant pas non plus celui qui opère, sa vision reste donc médicale d’abord. L’avis du chirurgien orthopédique a donc au final plus de poids que tous les autres auparavant (à condition de tomber sur un praticien compétent mais ça c’est un autre débat).
      Fondamentalement on vous a donné des noms de pathologies certes proches mais quand même différentes. En vous lisant (et parce que c’est très fréquent) on aurait pu penser que vous aviez fait une hémarthrose du genou, à savoir un épanchement articulaire post traumatique mais vous le décrivez nettement devant (une hémarthrose ça donne un genou énorme mais de façon diffuse, cf l’illustration).
      L’épanchement de Morel Lavallée est assez différent puisque et vous pouvez lire des détails ici, c’est une collection de sang suite à un traumatisme mais vraiment sous la peau, et pas dans une articulation ni une bourse synoviale, c’est possible à la cuisse, mais vraiment rare au genou.
      L’hygroma c’est un épanchement de sang dans une bourse synoviale, ce sont des petites bourses remplies d’à peine 1 ou 2 gouttes de liquide articulaire et situées à quelques endroits stratégiques proche des articulations pour faciliter les mouvements. Il y en a une au genou, sous la peau juste devant la rotule. Les hygromas non traumatiques inflammatoires à cet endroit sont très fréquents (notamment certaines professions), ceux traumatiques un peu plus rares.
      Agissez avec bon sens, c’est à dire que vous ne devez pas forcer sur votre genou s’il vous fait encore mal, mais ne le laissez pas dans une posture d’immobilisation totale au risque d’un enraidissement qui sera dur à récupérer.

  8. Aline
    14 décembre 2016

    Bonsoir, mon mari s’est fais opérer du ligament croisé anterieur en octobre. Mais maintenant Il a une hemarthrose. Ca se passe comment pour l’enlever et les suites ?

    • Tom O'Graphy
      15 décembre 2016

      Il faut voir avec le chirurgien les délais de récupération annoncés, s’il y a eu un nouveau traumatisme, si ceci si cela, c’est dur de vous répondre comme ça. Si elle est modeste, elle se résorbera avec le temps, si elle est conséquente elle peut être ponctionnée.

  9. Bernadette
    10 mars 2017

    Bernadette
    je suis sous anticoagulant Xarelto depuis 20 jours suite à une phlébite jambe gauche avec double embolie pulmonaire (droite et gauche) je suis tombée hier sur la rotule de cette même jambe. Après clichés radio et écho j’ai une hémarthrose du genou. Saignement important dû aux anticoagulants qui me bloque la mobilité du genou. Que faut il faire ? Attelle ou non pour ne pas rester trop immobile à cause de la phlébite.
    Vaut il mieux bouger l’articulation pour éviter que l’articulation ne se bloque ou faut il la mettre au repos qq jours ou plus ?
    Mettre de la glace tout le temps ou de temps en temps? Que faut il faire pour résorber au plus vite cet hématome ?
    Je marche avec des béquilles appui au sol ou non de mon pied ? J’ai peu voire pas de douleur si j’appuie pas trop dessus.
    Merci pour votre réponse. Cordialement.

    • Tom O'Graphy
      13 mars 2017

      Je ne fais pas trop ça habituellement, répondre sur un cas particulier, mais vous posez pas mal de questions qui peuvent être intéressantes :
      En préambule je dirai que la « double » embolie n’est pas un critère de gravité, ça veut juste dire que le caillot était suffisamment volumineux (ou des emboles successifs) pour donner une embolie conséquente mais qui s’est divisée dans les branches de l’artère pulmonaire (et parfois au scanner encore l’image de l’embole en fer à cheval). Ce n’est pas grave mais c’est souvent plus symptômatique au plan respiratoire (à condition qu’il n’y ait pas de tableau de coeur pulmonaire aigu). J’ai un article sur les phlébites ici et un brouillon sur l’embolie pulmonaire (en cours de rédaction depuis 150 ans …) et aussi sur les accidents des anticoagulants, y compris sous AOD comme le Xarelto.
      – ce qui est sûr c’est que l’hématome sous anticoagulants est souvent conséquent, donc on peut utiliser une attelle rigide ou amovible pour bloquer les articulations, ça a toujours un effet antalgique. Au genou ça ne serait pas très logique de faire un plâtre cruropédieux pour ça (tout en étant sûr qu’il n’y a pas une fracture des plateaux tibiaux par exemple), une attelle type FAG suffit (et pas besoin de dormir avec)
      – la thrombose de la jambe et les emboles au niveau pulmonaires vont être « dissous » rapidement avec un AOD, donc à 20 jours de Xarelto c’est bon il ne devrait plus y avoir de caillot important dans le système veineux ou artériel pulmonaire. Réimmobiliser ne change rien puisque vous êtes traitée
      – le repos va surtout améliorer les douleurs et évite que l’hématome ne grossisse trop juste après le traumatisme mais passés quelques jours, ça ne change rien de rester immobile au lit ou de marcher un peu. Le sport bien évidemment c’est autre chose
      – la glace est efficace sur quelques heures dès les premières minutes d’application, pas plus longtemps
      – l’hématome va se résorber à sa propre vitesse, en fonction de votre organisme, il n’y a pas d’accélérant, le fait que vous preniez toujours l’AOD risque plutôt de retarder un peu mais la pathologie récente contre-indique que vous l’arrêtiez (ça ne serait pas la même chose s’il fallait opérer ou sur un accident hémorragique majeur)
      – oui il faut prendre appui au sol d’autant plus que vous n’avez pas beaucoup de douleur, pas que vous risquiez de refaire une autre phlébite, mais juste que ce sera plus stable

  10. BRISSET
    2 Mai 2017

    bonjour docteur
    la viscosupplementation peut elle resorber une hemarthrose ou un epanchement de liquide synovial consecutif a une luxation de rotule ou encore les deux a la fois,?
    AVEC TOUTE MA GRATITUDE.

    • Tom O'Graphy
      9 Mai 2017

      La luxation traumatique rotulienne est déjà un cas à part et dans ma pratique je ne constate pas spécialement d’épanchement articulaire chez les patients qui ont leur rotule luxée. Je ne les vois pas bien sûr à quelques jours de la réduction, donc c’est possible, mais plus gros épanchement articulaires (en traumato) qu’on voit sont ceux des entorses graves avec des lésions des ligaments croîsés et des ménisques.
      La visco-supplémentation est une méthode de rhumatologie qui a son indication dans l’arthrose et encore pour beaucoup c’est une 2de intention. Pour d’autres rhumatologues c’est même une indication très ciblée et non pas du systématique à proposer en échec de tout traitement, et elle est efficace à un stade précoce, pas quand la destruction articulaire est importante.
      En pensant que des séquelles d’une luxation traumatique rotulienne amènent une gonarthrose rapidement progressive, je pense qu’il faut un avis éclairé et pas juste une hypothèse pour indiquer une viscosupplémentation, geste un peu invasif et surtout cher pour ce que c’est, à l’efficacité déjà incertaine dans la gonarthrose « médicale ».
      Je n’ai pas fait de revue de littérature sur le sujet mais je ne pense pas que ce soit indiqué du tout ni même à l’étude.

  11. Joseph Joel
    25 Mai 2017

    Bonjour docteur mon mari présente une poche au nivau du coude qui c est transformé en hématome très important à l avant bras et là il á de nouveau une énorme poche de sang au même coude où doit on s adresser et qui voir merci car il a un traitement anticoagulant (previscan 250) ainsi qu une pile au coeur merci

    • Tom O'Graphy
      13 juin 2017

      Comme toujours : votre médecin généraliste qui évaluera la dangerosité potentielle de la situation et vous donnera la marche à suivre et/ou vous enverra vers un confrère apte à rêgler le problème. En cas d’indisponibilité de votre MG, n’importe quel service d’urgence assurant la traumatologie vous recevra pour vous expliquer quoi faire.

  12. Foxtrot
    5 décembre 2017

    Bonjour Docteur, toutes mes félicitations pour ce site remarquable.
    Ayant été victime d’un traumatisme au genou (sport de combat), suivi des symptômes de l’hémarthrose.
    Un medecin militaire m’a prescrit une attelle zimmer mais n’a pas procédé à une ponction. Le volume de liquide n’est certes pas gigantesque et l’origine de la blessure bien identifiée. Mais la lecture de votre article me fait douter. Dois-je m’inquiéter de la présence de sang à l’intérieur de l’articulation? Dois-je chercher un second avis vis à vis de la ponction ?
    Avec du repos en combien de temps une hémarthrose se résorbe t’elle?
    Bien cordialement.

    • Tom O'Graphy
      21 décembre 2017

      Merci pour vos félicitations.
      Non du sang dans l’articulation du genou (ou même toute articulation) chez un adulte (je connais moins les conséquences chez un enfant en pleine croissance par exemple) et qui n’a pas de maladie de coagulation ni d’anticoagulants, va toujours finir par se résorber. Si ça met énormément de temps, ça signifie juste qu’il y a une lésion importante dans le genou, et il faudra alors l’évaluer par des moyens modernes (IRM et consultation orthopédique).
      La ponction n’est pas un geste compliqué ni très risqué, mais n’est pas spécialement utile, en particulier dans le cas d’une hémarthrose. Souvent une ponction ne suffit pas à « assécher » le genou, et l’épanchement se reconstitue, ce n’est alors pas intéressant de ponctionner 18 fois cette articulation.
      Vous pouvez toujours consulter quelqu’un d’autre soit en médecine du sport soit en chirurgie orthopédique.
      L’hémarthrose se résorbe en … et bien ça dépend, de la blessure qui l’a occasionné en fait, ça dépend.

  13. Lucie
    27 janvier 2018

    Bonjour on m’as fait un croche patte lundi dernier ce qui a provoqué une entorse du genou qu’on a pu détecter grâce à une radio . Jeudi je n’avais plus mal et j’arrivai à plier un peu mon genoux , mais le problème est que je pars faire du snowboard débutant du 4 au 10 février . Je suis allé faire un IRM ce samedi qui a montré une déchirure ligamentaire et un épanchement sanguin c’est pourquoi je vous demande si vous pensez que je pourrait quand même essayer le snowboard débutant dans 1 semaine j »en ai vraiment besoin j’attend ce moment depuis plus d’un an merci …

    • Tom O'Graphy
      9 février 2018

      Difficile de répondre à un cas personnel, ce site n’a pas été créé comme une réponse web médicale aux patients. C’est une base d’informations plutôt qu’une plate formes d’interactions.
      Votre message est daté du 27/01 et donc l’entorse a eu lieu 1 semaine avant. A l’heure où je vous réponds, vous êtes dans la période de vacances pour faire du snowboard, mais je pense que vous vous êtes rendues compte que ce n’était pas possible. Peut être que certaines activités sportives sont possibles de façon très progressive mais évidemment pas les sports de neige de ce genre qui sont déjà eux même des circonstances de traumatismes assez violents, en particulier au genou.

  14. Charles
    1 juillet 2018

    Bonjour Docteur, il y a environ un an et demi, j’ai fait une chute de moto qui m’a occasionné plusieurs hématome sur les membres inférieurs. S’en est suivie une douleur persistante à la hanche. Il y a quelques mois de cela, j’ai passé une radiographie de la hanche qui a révélé un hématome sous l’os iliaque, sans doute occasionné par la chute. Aujourd’hui j’ai toujours de fréquentes douleurs qui, entre autre, m’empêche de dormir puisque par malchance je dors sur ce côté. Ma question est la suivante : dois je attendre que l’hématome se résorbe, ou peut on faire une ponction et si cela est possible, qui dois-je consulter ? Avec mes remerciements, cordialement

    • Tom O'Graphy
      4 juillet 2018

      Je ne peux pas répondre à votre cas personnel, le site n’est pas construit pour ça.
      Je n’ai pas assez d’éléments de toutes façons pour vous conseiller intelligemment. Une radiographie qui révèle un hématome c’est bizarre, l’interprétation d’une radiographie peut laisser entendre que paradoxalement à une absence de lésion osseuse, il existe une asymétrie dans les parties molles qui pourrait correspondre à un hématome. Mais les radiologues à l’heure actuelle ne rédigent vraiment plus leurs comptes rendus en ouvrant des pistes comme ça. Généralement c’est : pas de fracture, à analyser selon la clinique, au besoin avec une échographie/scanner/IRM/etc…
      Reconsultez la personne qui vous a prescrit la radio, ou votre médecin pour avoir un conseil avisé.

  15. P.Michel
    4 juin 2019

    Bonjour,

    Mes remerciements pour votre site qui, outre les explications médicales précieuses, me rassure quant à vos conclusions.
    J’aimerais si possible une précision de votre part.
    Je suis tombé sur le genou sous Kardegic (suspicion d’AIT) ce qui m’a occasionné un gonflement du genou ainsi qu’un hématome sur la cuisse postérieure.
    Le généraliste consulté, au vu du gonflement chaud au genou, m’a envoyé chez un médecin du sport qui, après radiographie m’a rassuré, pas de ponction qui me soulagera que durant 2 heures et… donner du temps au temps pour que cela se résorbe naturellement.
    Pas de précision quant à la durée nécessaire, pour éviter de stresser les patients.
    Je retrouve sur votre site exactement les mêmes approches et conclusions.

    Mis à part le manque de flexion du genou, je n’ai pas de douleurs particulières.

    Je suis actuellement à 9 semaines de ma chute, peut-on considérer ce délai normal, voire extensible de plusieurs semaines supplémentaires?
    Risque-t-on de passer à côté de quelque chose invisible à la radiographie?
    Je ne stresse pas particulièrement, étant à la retraite, je ne suis pas vraiment pénalisé par ce genou.

    Cordialement

    • Tom O'Graphy
      11 juin 2019

      On peut voir des hématomes très conséquents sous antiagrégants plaquettaires (dont fait partie le Kardegic). Mais ce médicament ne pose pas réellement de problèmes dans la gestion de ces traumatismes. Les équipes chirurgicales sont habituées à gérer ces situations, ça leur pose beaucoup moins de soucis que d’autres anticoagulants oraux dont font partie les « AOD » qui sont énormément prescrits à l’heure actuelle.
      9 semaines ça fait beaucoup, c’est un peu surprenant si le genou est toujours « gonflé » : il se peut que l’hémarthrose (si le sang était dans l’articulation même), ou l’hygroma (s’il est dans la bourse pré rotulienne), ne soit pas résorbés. A ce délai on peut malheureusement penser que ça n’évoluera pas plus que ça. 1/ il faut confirmer la présence de sang inerte à cet endroit par un examen, une échographie sera probablement performante et 2/prendre un avis chirurgical sur l’indication d’évacuer par ponction ou chirurgie l’épanchement s’il pose problème (si vous n’en souffrez pas particulièrement ce n’est pas indispensable).
      Est ce que les radiographies ont pu louper quelque chose ? C’est peu probable, parce qu’une fracture « parle » généralement beaucoup, il y a des douleurs, une boîterie, bref c’est généralement très symptômatique. Néanmoins une radio standard sur un traumatisme du genou peut passer à côté d’une mini fracture impaction des plateaux tibiaux par exemple qui ne serait vu que par un épanchement articulaire majeur et auquel cas la consolidation de cette toute petit fracture (qui n’a pas forcément besoin d’être opérée) est assez longue.
      L’autre hypothèse c’est une lésion des ligaments croisés, des ménisques au sein même de l’articulation du genou. C’est généralement analysé par une IRM ou un arthro-scanner suivant les indications.
      En résumé un genou traumatique qui continue à engendrer des symptômes, c’est souvent révélateur d’une blessure un peu plus importante qu’envisagé au départ et ça se bilante, en tous cas à ce délai, on est à 2 mois quand même. Il n’y aura pas forcément de thérapeutique particulière après, mais vous devriez reconsulter pour prendre un avis.

  16. P.Michel
    18 juin 2019

    Bonjour,

    Merci beaucoup pour votre réponse particulièrement argumentée..
    Je me dois de vous donner un retour qui peut illustrer, de manière pratique, les explications de votre site.

    Je viens de recevoir les résultats de l’IRM et je vous livre la conclusion:

    Remaniements dégénératifs débutants sans franche lésion ménisco-ligamentaire.
    Franche bursite prépatellaire.

    Il est clair que les remaniements dégénératifs débutants étaient déjà présents avant la chute, engendrant des douleurs fugaces en montée et descente d’escaliers, ceci aux 2 genoux.

    Reste donc la bursite prépatellaire qui, à 3 mois de la chute, est toujours présente, se signalant parfois par des picotements ou chatouillements.
    Est-ce un signe de lente guérison, l’avenir nous le dira.

    Encore merci pour le temps que vous passez à vulgariser votre science auprès de personnes désireuses de comprendre l’incroyable mécanique du corps humain.

    Cordialement

  17. Isabelle
    17 juin 2020

    bonjour, suite à une chute de vélo sur mon genou, j’ai un hématome sur le côté, cela fait un an. j’ai consulté un traumatologue il y a de cela 8 mois et il m’a dit que c’était probablement la réaction du choc et que cet hématome va se réduire et disparaitre (echographie faite et comparée avec l’autre genou). Or, je ne vois pas d’amélioration flagrante) d’ailleurs dès que je pose mon genou ça regonfle ou voir dès que je refais du sport.
    que doit on faire attendre (ça fait déjà un an, reconsulter pour me redire la même chose. Je suis un peu perdue.
    cordialement

    • thoracotomie
      29 août 2020

      Un hématome sous la peau et pire dans une structure plus noble comme un muscle peut perdurer, et ne pas s’éliminer totalement. Il a tendance alors à s’enkyster, former une sorte de cavité inerte et qui n’évoluera plus. En fonction de la localisation et de la gêne ressentie, le choix peut être de s’abstenir de traiter, ou de proposer un traitement plus agressif visant à drainer ou exclure totalement cette cavité. Ca dépend de beaucoup de choses.
      Si vous cherchez une bonne analyse de la situation, vous devriez reconsulter, plutôt un médecin en qui vous avez confiance et éventuellement s’il le prescrit, refaire un examen (en commencant par ceux qui sont simples et non invasifs), pour voir si quelque chose s’est modifié ou non. De là découlera une conduite à tenir pour vous aider.

    • Laurence
      29 août 2020

      Il faut consulter et faire une échographie car il y a sans doute un épanchement. A voir si besoin de ponctionner ou plus comme on vous a déjà répondu.
      Mais en effet la sensibilité de surface peut mettre très longtemps voir ne pas revenir à la normale…

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